Debats Jeanne A., Pixel noir, Syros, collection Soon, 2014, 288 p. 15€90
Un
adolescent, Pixel, très fort en informatique, tombe du toit du lycée où il est
interne. Il est alors plongé dans le coma, mais pour ne pas avoir à rééduquer
son esprit, Pixel est transféré dans un virtuel de repos. Mais voilà que la
machine n’est pas ce qu’on l’a programmée pour être. Le bug porte sur la
temporalité, une journée peut durer une heure comme une semaine. Pourtant
solitaire, Pixel va s’ouvrir aux autres durant cette expérience douloureuse.
Ils vont gagner le blackdoor, seul moyen de sortir du logiciel, de se réveiller
et de prévenir les autorités médicales du danger du virtuel…
L’ouvrage
met en valeur la solidarité. En effet, c’est grâce à ses nouveaux amis que
Pixel va trouver la blackdoor qui va leur permettre, et donc lui permettre
aussi, de survivre.
Florent De Bannes
Dixen Victor, Animale, La malédiction de Boucle d’or,
Gallimard jeunesse, 2013, 528 p. 17€90
1832.
Couvent St Ursule. Blonde est sa pensionnaire permanente. Orpheline depuis la
naissance, depuis laquelle elle est forcée de cacher sa beauté troublante sans
raison apparente. Elle mène cette vie misérable depuis maintenant 17 ans et aurait
pu la continuer ainsi si elle n’avait découvert
que sa mère n’est autre que Gabrielle De Brances, jeune fille disparu 17
ans plus tôt après avoir été sauvée des griffes de mystérieux individus mi-ours
mi-homme.
Vient
se greffer là-dessus son amour fou pour le jeune tailleur de pierre Gaspard avec
l’aide duquel elle se lance sur les traces de son identité.
Personnellement
j’ai adoré ce livre. Du début à la fin, l’histoire est passionnante et pleine
de suspens. l’auteur met vraiment
bien en valeur les personnages, même les plus odieux, même ceux qui vont tomber
en disgrâce, peuvent paraître attachants un moment
Le
style d’écriture et l’histoire d’amour passionnée entre les deux personnages
permet au chef d’œuvre des frères Grimm écrit
en 1837 de rester actuel. L’auteur revisite le classique de boucle
d’or pour le transformer en passionnant
thriller. Il imite le style d’écriture des plus grands romanciers du
dix-neuvième siècle, tout en réussissant par la composition de l’histoire à le
faire résonner dans notre modernité.
Aurélie Arnaud
Place François, Le Secret d’Orbae, Casterman, 2013,
432p. 13€95
L’ouvrage
rassemble les deux romans parus en 2011 sous le titre générique Le
secret d’Orbae. Ils content deux histoires parallèles qui se joignent
par leurs dénouements : Le Voyage de Ziyara et Le
Voyage de Cornélius. Les deux récits content l’exploration du monde
d’Orbae. Cornélius est à la recherche d’un tissu plus fluide que la soie qui
prend la couleur du temps. Durant son périple il se fera cartographe, métier
essentiel dans l’œuvre de François Place, et rencontrera, dans une île, Ziyara.
Celle-ci est une contrebandière des mers et de la route des épices. Les deux
routes se croisent, donc. Chaque personnage est en quête de l’humain, en quête
d’un autre que soi en quelque sorte, qui en vagabondant sur les mers du Sud,
qui, en errant sur les terres du nord. Et au fond, ces deux ouvrages sont
l’histoire d’une rencontre. L’héroïne et le héros se trouvent dans une espace
de bifurcation puisque né de la contrariété de leurs parcours initiaux. Dans ce
lieu au milieu d’un univers mythique, comme aime à les installer Place, sur une
île incongrument là, une inimaginable rencontre a lieu sans prédestination ni
fatalité de mouvement. La rencontre sera heureuse car d’amour dans le sens où
il s’assimile aux rêves qui « appartiennent
à eux qui bataillent pour les faire exister »(1). Extra-ordinaire, la rencontre de Cornélius et Ziyara mue
les deux récits en espace de passage dans le non-ordinaire de la vie.
Comme l’écrit une auteure pour la jeunesse dans un bel album, leur rencontre
est « le rendez-vous secret de
deux hasards » (2).
Comme
toujours chez François Place, l’exploration, la géographie, le mythe sont
récurrents, en même temps qu’une certaine innocence du regard qui plonge vers
les profondeurs des désirs humains d’une harmonie universelle des hommes entre
eux et des humains et de la nature qui les englobe. François Place pourrait
faire sienne cette phrase de Lautréamont : « Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas me croire ».
Philippe Geneste
(1) Martine
Laval « François Place, un conteur enlumineur » Dossier
de presse de Le secret d’Orbae, Casterman 2011 non paginé
(2)
Hoestlandt, Jo, A Pas de louve, illustrations Marc, Daniau,
Milan, 2001.