Bayar Michèle,
Finies
les chatouilles, oskar, 2020, 88 p.
Dans une famille bourgeoise, père
comédien, mère sans profession précisée, les vacances chez ses grands-parents
maternels sont une institution.
L’héroïne, Maelys, et son frère
Max, bouclent leurs bagages. Maelys se réjouit du stage de voiles où elle va
retrouver Erwan, pour lequel elle éprouve des sentiments amoureux. Mais Maelys
est inquiète ; elle appréhende ce séjour, car le grand-père est porté à la
chatouiller et ça la dérange, mais n’ose trop rien dire
« j’ai trop honte, je voudrais que ça s’arrête »
(p.10).
Et cela depuis l’âge de cinq ans,
au moins. Son amie Jade, la pousse à refuser. Mais les parents, la grand-mère
n’y voient que du feu. Quant au grand-père il abuse l’enfant depuis sa position
d’adulte :
« ce sera notre petit secret » (p.12)
lui dit-il
L’ouvrage scrute avec didactisme
la situation intra-familiale. Il montre comment Maelys retrouve la confiance en
elle grâce à l’aveu qu’elle fait à son amie proche, à son frère puis à ses
parents, de la honte ressentie. L’ouvrage décrit et en même temps instruit.
C’est le propre des ouvrages de fiction didactique qui réussissent à traiter
des problèmes de société.
BONO Elsa de, Eli
et le secret des dunes, éditions Ex Aequo, 2020, 122 p. 12€
Voici un premier roman, qui
s’adresse aux enfants de 9 à 12 ans. Le ton fantastique verse dans l’heroïc
fantasy, tout en s’apparentant à un conte d’initiation.
La thématique est
d’actualité : l’humanité fait face à un désastre écologique, une croûte
survenue du fond de l’océan, inconnue des scientifiques, menace de tuer toute
vie marine et de s’étendre à la terre entière pour y détruire toute vie. C’est
là qu’intervient le merveilleux, par le biais d’un enfant en proie aux
angoisses écologiques et secrètement ami intime de l’océan. Des fées lui
soufflent la mission à accomplir. Il s’y risquera, le récit prend alors la
tonalité de l’heroïc fantasy. Les péripéties et épreuves se multiplient en des
chapitres courts (cinq pages en moyenne).
Le dénouement arrive,
heureux : l’imaginaire donne pouvoir de survie à la terre et porte à
l’espérance une humanité rendue consciente des dangers écologiques qui la menacent.
Meysenbug
Malwida von, Mémoires d’une idéaliste, édition présentée par Sandrine
Fillipetti, Mercure de France, 2019, 700 p. 15,20€
Ces mémoires sont parues entre
1869 et 1876 et en 1900 en France. Une amitié liait Malwida Meysenbug à
Nietzsche ; admiratrice de Wagner, elle côtoya Louis Blanc et Alexandre
Herzen. Les Mémoires permettent de suivre l’itinéraire de cette féministe
(1806-1903). Elle rompt avec son milieu aristocratique d’une province allemande,
se rapproche du courant libéral de la première moitié du dix-neuvième siècle,
mêlant à une sensibilité socialiste naissante un idéalisme dont elle ne se
départ pas. En 1852, elle émigre à Londres et croise nombre d’exilés politiques
du continent. Mémoires d’une idéaliste est ainsi un document historique où les
réflexions pour l’émancipation féminine abondent. Écrites avec clarté, dans un
style précis, la lecture en est facile.
HIRSCHING
Nicolas de, JOLY Fanny, Qui a piqué les contrôles de français ?
Casterman, 2017, 92 p. 12€
Vingt-trois élèves imaginaires
ont écrit une rédaction dont le sujet était : « Vous passez un
après-midi avec votre grand-mère. Racontez ». Le livre donne à lire
ces rédactions, petit panorama sociologique et document scolaire, certes,
fictif mais ô combien bien senti… On lit des tranches de vie et les corrections
et annotations de l’enseignante. Les deux croisés, le sourire advient souvent
et le rire éclate à plusieurs reprises. L’ouvrage est ainsi à la fois un
exercice de style en terrain connu pour les collégiens, un recueil de nouvelles
sur un même thème qui puisent dans leur vie ordinaire et un clin d’œil au genre
du commentaire qui assure la ligne continue d’un humour taquin et parfois
pinçant. Une grande réussite éditoriale.
Roy Didier &
Oudeyer Pierre-Yves, Les Robots et l’intelligence artificielle,
illustrations par Roland BAZART, Nathan, collection Questions ?
réponses ! 2020, 32 p. 7€40
En trente-deux questions et bien
plus de réponses, voici plein d’informations sur les robots et l’intelligence
artificielle, sujet d’actualité s’il en est. Qu’en est-il du langage du
robot ? Un robot comprend-il le langage humain ? La mémoire robotique
menace-t-elle à terme la mémoire humaine bien moins efficace ? Un drone
est-il un robot ? Où en sont les recherches sur l’intelligence
artificielle ? L’ouvrage commence par décrire ce qu’est un robot et ce
qu’est l’intelligence artificielle ; ses pages ont la préoccupation de permettre
à l’enfant d’appréhender les explications à partir de son univers (le
smartphone).
Les deux auteurs des textes sont
chercheurs à l’Institut National de Recherche dédié aux sciences du Numérique.
Aussi, leur livre passionne car il nous plonge dans une réalité que l’enfant
croit connaitre mais qui en fait le dépasse largement. Tous les membres de la
commission lisezjeunesse y ont trouvé un grand intérêt et le livre n’a cessé de
circuler de main en main avec de nombreux échanges entre ses membres. Ajoutez à
cela une iconographie précise, une mise en page très aérée, et vous avez une
idée de cadeau assurée pour les enfants dès 9 ans, plus jeunes si on les
accompagne dans la lecture.
HAREL Karine, D’où
vient l’eau que je bois ? illustrations de Didier BALICEVIC,
Tourbillon 2020, 32 p. 12€
L’éditeur conseille l’ouvrage dès
quatre ans, cela nous semble un peu jeune. Six ans, nous semble un âge plus
juste et avec un accompagnement d’un adulte. Mais le livre peut aussi
bénéficier aux 8/12 ans tant les informations sont précises, les explications
nombreuses et claires, avec une texture d’illustrations où alternent
photographies et dessins. On y suit le parcours de l’eau, du pompage au
robinet. C’est l’occasion pour l’enfant de découvrir le rapport que son corps
entretient avec l’eau. Le livre décrit ensuite le travail des égoutiers, le
fonctionnement d’une station d’épuration. La pollution de l’eau fait alors
l’objet d’une double page explicative. Armé de ces connaissances, l’enfant retourne
à la vie de l’eau, son cycle et ce pourquoi elle est si précieuse. Nuage,
brouillard, nappe d’eau, neige, arc-en-ciel, rosée, grêle, sont alors étudiés.
L’avant-dernière double page est consacrée à l’usage ordinaire de l’eau par
l’enfant et la dernière propose une expérience du filtrage de l’eau.
Ce livre paru dans la collection mon
premier exploradoc fait de la part de l’éditeur l’objet d’une nouvelle
présentation, plus aérée que la mise en page de la première édition. L’enfant
s’appuie sur des petits personnages dessinés pour interroger les images, aide
précieuse pour l’adulte lisant le livre à l’enfant, aide indispensable pour les
8/11 ans lisant seuls le livre. Une excellente idée de cadeau.
Philippe Geneste
Fontenoy Maud, Les Océans un trésor à protéger, Flammarion,
2015, 32 p. 13€50
Cet ouvrage au
format confortable (240x300 mm) traite du rôle de la mer dans le cycle de la
vie, souligne les intérêts de l’eau pour les humains, rappelle la biodiversité
des océans, de la mer et l’enjeu de sa préservation. Il décrit les récifs
coralliens, les régions polaires, le littoral. L’ouvrage promeut enfin la
fondation Maud Fontenoy… Adressé aux enfants de fin d’école élémentaire et
pré-adolescents, le livre est clair. On regrettera le peu d’engagement social
et politique qui aurait quand même pu venir expliciter les sources du danger
que font courir les hommes aux milieux marins.
Commission Lisez jeunesse
BAUSSIER
Sylvie, La Course au pôle Sud. Amundsen et Scott, oskar, 2020, 99p.
L’anglais, Robert Falcon Scott,
en 1902, tente la conquête de l’Antarctique. Mais il va manquer de vivres et
fera demi-tour à 800 kilomètres du pôle. En novembre 1911, Robert Scott lance
une nouvelle expédition pour atteindre le pôle Sud. Le 18 janvier 1912, il
découvre le drapeau norvégien planté sur le pôle. Scott et les quatre membres
de son expédition qui l’accompagnaient (les six autres étaient restés en
arrière) repartirent. Mais de faim et de froid, ils moururent tous les cinq.
C’est l’expédition de Roald
Amundsen qui a précédé celle de Scott. Admundsen avait été devancé, pour la découverte
du pôle Nord, par Peary. Il décida alors de se lancer dans la conquête du pôle
Sud. La première fois, après son départ le 8 septembre 1911, il rebroussa
chemin. Puis il repartit le 19 octobre et son expédition atteignit le pôle Sud
le 14 décembre 1911.
Le livre de Baussier narre les
deux expéditions. Le récit de quatre-vingt-quatre pages est alerte et très
documenté, comme cette autrice nous y a habitué. Il est suivi d’un dossier
informatif de dix pages consacrées à la découverte des deux pôles, en quatre
parties : le mystère des pôles, la conquête du pôle Nord, la conquête du
pôle Sud, les pôles aujourd’hui et demain. Une carte et des documents
explicatifs sont inclus dans l’ouvrage, qu’on ne peut que recommander.
Commission Lisez jeunesse et Ph. G.