Topan Sabine, La Queue
de l'hippopotame. Contes du Tchad, illustrations de Véronique Abt,
L'Harmattan, 2006, 35 p., 8€
Ce livre rassemble trois contes
animaliers pour des enfants de 8 à 10 ans : l'hyène et le varan, la queue
de l'hippopotame, le lion et la biche-cochonne. On est assez proche du genre de
la fable car chaque récit illustre une sorte de morale. Sabine Topan a repris
en les modifiant des contes traditionnels. L'ouvrage est agrémenté
d'illustrations en noir et blanc de Véronique Abt qui, discrètes, accompagnent
intelligemment le texte.
le
moy nadine, Matallah esclave de
Karakour, L'Harmattan, 2006, 47 p., 9€
C'est un conte pour 7/9 ans. Si
le sujet en est l'esclavage, le récit tourne vite au récit d'aventures où des
enfants esclaves réussissent dans leur entreprise de fuite et de délivrance
d'autres esclaves.
Ribes Patrice, Ayaba et la femme antilope. Contes d’Afrique
de l’Ouest, L’Harmattan, collection La Légende des Mondes, 2007, 61p., 10€
Ce récit alerte qui prend appui
sur le schéma de contes africains de l’Ouest met en scène de nombreux animaux,
réels ou fictifs. C’est un univers enchanté où l’enfant lecteur vient se
reposer.
Pequignot Rose, Abou le léopard, illustration Sess, L’Harmattan, 2010, 16 p. 10€
Il s’agit d’une adaptation d’un
conte d’Afrique noire. Un petit garçon perdu dans la forêt est protégé par un
léopard. C’est un livre tendre illustré avec chaleur par Sess.
Djouldé Denis, Lézard et Caméléon. Contes du Cameroun,
L’Harmattan, 2010, 97 p. 11€
Ce recueil rassemble 34 contes
Dii, peuple du Cameroun. L’auteur est chercheur en littérature orale et a recueilli
ces textes afin de les fixer dans la mémoire écrite des civilisations. La
plupart des contes font parler des animaux et lorsque les personnages
principaux sont des humains, il y a toujours un animal dans l’histoire. Ils
comportent, pour la plupart une morale.
obin Manfeï, Le Rat célibataire, collection Paroles
de conteurs, éditions Mini Syros, 2010, 48 p., 2€90
Ce conte animalier ivoirien
rapporte l'histoire merveilleuse d'un rat en quête d'une épouse aperçue et pour
laquelle il traversera de nombreuses épreuves. Au final il se mariera avec
elle. En contrepoint, la même histoire arrive à un lièvre qui refusera de
partager son bien, uniquement attiré par la possession d'une jeune fille
aperçue. Il sera exécuté. Ce type de conte s'apparente à la fable. Manfeï Obin
-conteur de Côte d'Ivoire internationalement connu- n'hésite pas à introduire
au passage des clins d'œil à l'actualité.
Commission lisez jeunesse
Wilson
William, L’Océan noir, Gallimard jeunesse, collection Giboulées, 2009, 96 p. 15€90
Il s’agit de dix-huit grandes
tentures reproduites, ici. C’est un livre d’art, plus précisément un art
traditionnel de cour du Bénin qui s’adresse à tout public. Ces tentures
racontent chronologiquement, du quinzième siècle à nos jours, l’histoire des
noirs d’Afrique et des diasporas des Amériques et d’Europe.
Chaque tenture est une fresque
d’un épisode, d’une époque historique. La traite des noirs y est bien sûr très
représentée, mais aussi la rencontre avec les marins portugais, la puissance
des rois noirs, les combats pour se libérer de la colonisation. Au final, c’est
l’histoire des unions et désunions entre les trois continents qui est
traversée, saisie.
Pourquoi ce titre ? Parce
que l’océan est le lieu de passage, de transition où se tissent les amers et
les liens intercontinentaux.
Livre d’art, disions-nous. Sans
nul doute. Mais les tentures sont accompagnées d’explications, de légendes. Elles
ouvrent certaines clés d’interprétation de l’œuvre sans lesquelles le lectorat
passerait à côté de bien des sens portés. Une dernière partie explicite la
technique de cet art du bénin. Un chef d’œuvre.
Sakin Abdelaziz
Baraka, Faris Bilala et le lion, conte du Darfour – Soudan, trilingue
arabe-français-anglais, illustrations de Sess,
traduction de Xavier Luffin, L’Harmattan, collection La légende des mondes, 2010, 59 p. 10€
Voici un ouvrage trilingue
remarquable. Ce conte cruel met en scène un antihéros, qui va acquérir le
respect de son village par un acte involontaire de bravoure. L’histoire traite
de la peur, de la couardise et des rôles sociaux. Le Darfour nous évoque la
guerre civile qui y sévit depuis 2003 tant et si bien qu’on en oublierait que
le nom de la région signifie le pays des Fours, un peuple se trouvant de part
et d’autre de la frontière soudano-tchadienne et parlant une langue
nilo-saharienne.
Bilala, nom de l’antihéros de ce
conte, vient de l’histoire du royaume Yao fondé au XVème siècle. Longtemps sur
les terres du Kanem, les Bilala (on dit aussi Boulala, Ma ou Mage) ont été
repoussé vers la région du Batha, une des préfectures sahélienne du Tchad
autour du lac Fitri. A l’intérêt du thème de ce conte s’ajoute un vrai travail
d’écriture avec une composition qui, pour simple qu’elle soit, est ciselée dans
le sens du suspense. La présentation trilingue ne peut qu’amplifier l’intérêt
pour les pédagogues d’un tel conte.
Gbolo Pierre, To et
le caméléon. Contes gbaya de Centrafrique, L’Harmattan, collection La légende des mondes, 2014, 83 p.
11€50
Comment un cultivateur se
débarrasse-t-il des singes qui lui pillent ses champs ? Comment Mbalè
l’antilope et Lifa le pique-bœuf sont devenus amis ? Quelle est la quête
de Ngoya, le sanglier, à travers la forêt ? Comment procèdera le caméléon Zune
pour se venger de To qui ne veut pas partager sa nourriture ? L’ouvrage
présente donc des histoires animalières, pour la plupart, particulièrement
adaptées aux jeunes lecteurs (8/10 ans). Comme on le sait, la coloration des contes
par la civilisation qui les porte est indéniable. Pour autant, aucun genre n’a
plus que le conte cette faculté esthétique de parler de l’humain dans sa
condition d’être social. Le conte est donc un genre fondé sur la métaphore
jusqu’à l’allégorie en passant par la fable. De plus, et peut-être davantage
dans la civilisation africaine que dans la civilisation européenne, le conte
emprunte le ton de l’humour pour mieux faire sentir où s’arrête la banalité des
situations et où commence le comportement humain véritable. C’est pour cela,
d’ailleurs, probablement, que les contes africains qui sont publiés dans le
secteur de la littérature destinée à la jeunesse sont si souvent porteurs d’une
morale.
L’ouvrage de l’écrivain,
originaire de Berbérati en République Centrafricaine, propose des contes du
peuple gbaya parlant le dialecte gbaya de la région de Haute Sangha, à l’ouest
de la Centrafrique.
La morale y joue un grand rôle et il s’en explique dans
l’introduction de l’ouvrage. Remarquons que ces contes sont marqués par
l’absence dans la culture gbaya de filiation patriarcale et que d’autre part,
si les animaux et les humains dialoguent, les esprits ne sont jamais très loin.
Il faut louer cette collection de
La légende des mondes car elle ouvre
les horizons culturels des enfants.
Philippe Geneste