A propos de la parution de Un chien vantard, Un poisson amical, Un chat capricieux, Un hamster gourmand, Gallimard -Giboulées, 2012, 12 p. 5€ chacun. Lionel Koechlin poursuit en littérature destinée à al jeunesse son œuvre critique du langage et de la société. Avec lui, les frontières entre littérature pour adulte et littérature pour la jeunesse s’amenuisent. Lors de la sortie des quatre ouvrages chez Giboulées, il nous a accordé un entretien
Lionel Koechlin, votre œuvre cultive toujours un certain décalage avec le réel. Vous insistez sur ce décalage et en faites un trait central d'une approche humoristique de la vie. C'est vrai de votre œuvre de dessinateur de presse, mais c'est vrai aussi de votre œuvre destinée à la jeunesse
Lionel Koechlin : Depuis quelques dizaines d'années, la prépondérance donnée aux mathématiques dans les programmes scolaires a produit beaucoup de gens cartésiens et trop sérieux. Cet état de choses transforme les individus et impose l'humour et le décalage comme un salutaire devoir de résistance.
Pour survivre dans la société qui est en train de se dessiner, le sens de l'humour et le recul devant les évènements seront indispensables aux futurs adultes.
Il y a aussi une autre explication à mes fantaisies : c'est ma nature profonde ainsi que mes expériences qui me poussent vers ce qui, en apparence, n'est pas sérieux.
Et la marque de facétie imprimée à votre œuvre y tire sa force persuasive…
Dans la série "Dialogues de bêtes", vous optez pour des monologues. Pourquoi ce choix de pensées intérieures plutôt que de dialogues ? Est-ce uniquement lié au fait que chaque ouvrage présente un seul animal ?
Lionel Koechlin, votre œuvre cultive toujours un certain décalage avec le réel. Vous insistez sur ce décalage et en faites un trait central d'une approche humoristique de la vie. C'est vrai de votre œuvre de dessinateur de presse, mais c'est vrai aussi de votre œuvre destinée à la jeunesse
Lionel Koechlin : Depuis quelques dizaines d'années, la prépondérance donnée aux mathématiques dans les programmes scolaires a produit beaucoup de gens cartésiens et trop sérieux. Cet état de choses transforme les individus et impose l'humour et le décalage comme un salutaire devoir de résistance.
Pour survivre dans la société qui est en train de se dessiner, le sens de l'humour et le recul devant les évènements seront indispensables aux futurs adultes.
Il y a aussi une autre explication à mes fantaisies : c'est ma nature profonde ainsi que mes expériences qui me poussent vers ce qui, en apparence, n'est pas sérieux.
Et la marque de facétie imprimée à votre œuvre y tire sa force persuasive…
Dans la série "Dialogues de bêtes", vous optez pour des monologues. Pourquoi ce choix de pensées intérieures plutôt que de dialogues ? Est-ce uniquement lié au fait que chaque ouvrage présente un seul animal ?
Lionel Koechlin : Dans les 4 livres, Un chien vantard, un poisson amical, un chat capricieux, un hamster gourmand, j'aurais pu effectivement opter pour des dialogues ou pour la narration, mais je pense que le monologue permet au lecteur de s'approprier plus facilement les réflexions du héros, en créant une sorte d'intimité partagée.
D'autre part, la démarche, qui consiste à prêter à des animaux des pensées, dont le contenu est largement supérieur à leurs capacités cérébrales, enrichit la dimension comique de leurs aventures.
Pourquoi cette insistance, dans votre œuvre pour les enfants, sur les figures animales ? Accepteriez-vous que l'on vous présente comme un fabuliste ?
Lionel Koechlin : L'utilisation des figures animales dans la littérature enfantine s'est imposée depuis longtemps, soit parce qu'elle permet de faire dire aux animaux de façon subtile, des propos qui pourraient choquer dans la bouche d'êtres humains, soit plus simplement parce que l'univers enfantin, est peuplé de peluches et d'animaux idéalisés, ayant chacun des caractères marqués (crocodile cruel, chien fidèle, mouton doux etc.). Ces stéréotypes permettent de camper des personnages en évitant de trop longues descriptions. Fabuliste ? Quand on consulte le dictionnaire, on trouve à ce mot beaucoup de définitions. Plusieurs me vont très bien, surtout la suivante : récit imaginaire, farce. Par contre, de nos jours, on associe, toujours, à l'idée de fable la présence d'une morale en conclusion du récit. Il est vrai que je cherche presque toujours à donner un sens, voire plusieurs, à mes textes mais, s'il y a présence d'une leçon de morale, c'est par hasard... Enfin, le hasard ?...
Entretien réalisé par Philippe Geneste en janvier 2012