Anachroniques

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12/06/2023

La littérature de jeunesse en action

Livre pratique et pratique littéraire

BEAUVAIS Clémentine, Écrire comme une abeille. La littérature de jeunesse, de la lecture à l’écriture, Gallimard, 2023, 447 p. 27€90

Voici un livre très généreux par l’autrice et traductrice d’œuvres littéraires destinées à la jeunesse. Il s’adresse aux professionnels et professionnelles du livre, aux adultes, aux enseignants et enseignantes, aux jeunes adultes passionnés de littérature de jeunesse et désireux ou désireuses d’écrire à destination du jeune lectorat. Des adolescents et adolescentes pourront aussi se plonger dans bien des parties, sous-parties et chapitres dont ils feront aisément leur miel. L’ouvrage rassemble un « survol » du champ littéraire traité, des conseils pratiques pour écrire une fiction, tenir un atelier d’écriture, un guide pratique pour contacter des éditeurs, pour se renseigner auprès de professionnels de l’écriture, c’est aussi une introduction à cette littérature avec une tentative de constituer un ensemble de caractéristiques propres mais aussi de parcourir les genres, de différencier les créations en fonction des âges du lectorat.

Le livre de Clémentine Beauvais permet aussi de s’approprier certaines analyses formelles (poétique du récit pour la jeunesse). Les exemples abondent, les applications sont détaillées et commentées. Le style est très clair et comme l’autrice s’appuie bien souvent sur son expérience, on la suit avec plaisir et, la lecture achevée, le sentiment d’avoir appris des choses est gratifiant.

L’autrice, qui est une partisane de la littérature de jeunesse, n’omet pas d’en interroger les côtés obscurs, ce qu’elle nomme le « carrefour de tensions » mais aussi lorsqu’elle aborde ce qu’elle nomme les « identités » du « livre jeunesse ».

Un tel livre sera considéré comme un manuel, comme une somme, comme un inventaire de tentations, en tout cas, chaque curieux d’écriture y trouvera à butiner.

 

CUBELLS Cristina, Bruits, joue avec les sons, illustratrice Joana CASALS, éditions Helvetiq, 2022, 32 p. 18€

Merveilleux ouvrage que cet album, magnifiquement illustré par Joana Casals qui réussit une adaptation colorée, dessinée de partitions pensées par Cristina Cubells.

L’album rassemble des doubles pages correspondant à des partitions dessinées. Celles-ci, très aisées à lire, se composent d’onomatopées et d’interjections dont la taille de la police varie modulant la durée et la tonalité ; le rythme est suggéré par la succession linéaire et spatialisé des sons à émettre. Les sons sont représentés par des éléments phoniques et par des éléments graphiques à forme géométrique.

Comment l’enfant utilisera-t-il ce livre pratique ? Petit, il lui faudra être accompagné pour saisir le code proposé par Cristina Cubells. Plus grand, il pourra se régaler seul et jouer les partitions. Chaque double page comprend le mode d’emploi du code, un code qui laisse libre cours souvent à l’imaginaire enfantin pour interpréter de manière sonore des symboles graphiques. Évidemment, l’album ne se lit qu’à haute voix.

L’intelligence des autrices est de proposer une initiation à la musique par le jeu et la pratique vocale. Pour conclure, recommandons ce livre joyeux, intelligent, instructif et qui nécessite l’action des jeunes lecteurs et lectrices. Un régal.

Philippe Geneste

 

Théâtre

Le collège est à nous, Texte : Direction Vanessa Pedrotti, à partir des improvisations des jeunes acteurs Mise en scène  : Vanessa Pedrotti avec la collaboration de Virginie Aimone Avec  : Adlenn et Alicia Djermoune, Émilie Lopes, Luna Rizzuto, Michel Bernard, Safir Souici et Vanessa Pedrotti, Équipe encadrante : Laurie Beillevaire, Ingrid, Pauline… Durée : 30 min

Dans la société actuelle, les jeunes sont souvent infantilisés et placés en position d’apprentis. L’aboutissement de cette pièce nous montre au contraire leur fougue créatrice et à quel point ils sont acteurs et vecteurs de savoirs. Ils sont une source d’inspiration que beaucoup d’adultes pourraient trouver salvatrice s’ils leur accordaient une attention réelle et sincère. Cette pièce ouvre ainsi une réflexion sur le système éducatif actuel, en questionnant les rapports de domination qui lui sont immanents mais aussi ses possibles métamorphoses.

Résumé  : C’est à la UNE de tous les journaux ! Les élèves de Valdocco ont pris d’assaut leur collège et ont décidé de l’autogérer. L’évènement a fait le buzz sur tous les réseaux et plusieurs célébrités ont décidé de soutenir la démarche des collégiens. Le jour de la conférence de presse tous les journalistes sont là pour interroger les élèves référents sur les causes de l’insurrection et sur les modalités de gestion qu’ils ont mis en place. L’un d’eux a même l’opportunité de rentrer dans l’enceinte du collège pour documenter leur projet en interne. Sa visite nous permet de découvrir la cour de récrée, le foyer, la cantine et le gymnase qui accueillera le tant attendu festival rouge… Elle nous permet également d’apprécier le charisme et l'émancipation de chaque personnage.

Contexte de création : Il s’agit d’une création réalisée dans le cadre d’ateliers de théâtre menés depuis septembre 2022 au Valdocco (13013). Ce centre d’éducation populaire s’est donné pour mission d’agir auprès des jeunes en faveur de la prévention, de l’éducation et de l’insertion professionnelle. Dans cette optique, une collaboration avec le collectif Manifeste Rien est née pour permettre à 6 jeunes de devenir auteurs, acteurs et coproducteurs de leur création théâtrale. À travers des exercices d’improvisation et des techniques du théâtre de l’opprimé (Cf. Augusto Boal), des idées, sujets, discussions ont émergé et une dramaturgie s’est peu à peu dessinée autour des thèmes du collège et de l’émancipation. Le scénario n’a donc pas été préparé à l’avance mais écrit à partir du travail des jeunes. Le cadre de l’atelier a permis de faire exprimer des colères et des rêves, tout comme de parler de discriminations. Il a été un lieu bienveillant où ils ont pu verbaliser et comprendre leurs émotions et les tensions immanentes à la vie sociale, notamment celle vécue en milieu scolaire.

info : manifesterien@gmail.com

 

 

26/06/2022

Petit panorama du personnage en littérature de jeunesse

ARROU-VIGNOD Patricia et Jean-Philippe, Héros, 40 personnages de roman, illustrations d’Andrew LYONS, Gallimard jeunesse, collection Bam !, 2021, 42 p. 12€50

En 2012, Gallimard jeunesse avait déjà fait paraître, sous les plumes de Anne Blanchard, Jean-Bernard Pouy, Francis Mizio et Serge Bloch, L’encyclopédie des héros, icônes et autres demi-dieux, qui en 124 pages explicitaient les origines, le contexte culturel qui avaient vu naître les figures choisies, à la découverte des actions qui leur valent d’être restés dans la mémoire collective. Le livre de P. et J-P. Arrou-Vignod est différent. Il ne concerne que les héros de la littérature depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, de Gilgamesh à Tobie Lolness, de Renart jusqu’à Lyra, de Don Quichotte jusqu’à Croc-Blanc, de Jane Eyre à Nils Holgersson etc. Chacun de ces vingt personnages est présenté en une double page par sa carte d’identité, un argument de sa présence dans le roman qu’il traverse, une contextualisation de l’histoire, une brève citation, et une image du héros ou de l’héroïne commentée avec pour légende une caractéristique mise en valeur.

L’ouvrage de format de poche propose ainsi un portrait qui invite le jeune lectorat à se plonger dans le livre racontant l’histoire de ces êtres imaginaires. Les personnages en effet « sont nos véhicules ; c’est grâce à eux que nous entrons dans un récit » (1). C’est que le héros qui entre dans la vie des lecteurs, celui ou celle qui inscrit ses pas dans la mémoire d’un peuple ou de différents peuples, est un être imaginaire qui a pris une consistance littéraire telle qu’elle se transforme en consistance sociale. Le personnage, qui assume une fonction précise dans le récit qui le soutient en vient à sortir de cette fonction soit par l’identification à son image du jeune lectorat, soit parce que, tel Cosette, il est transcendé par les sentiments qu’il provoque, sentiments qui se muent parfois en valeur sociale de tout un peuple, d’une classe sociale ou d’un groupe. C’est pourquoi les héros sont des vecteurs de représentations sociales. Ils peuplent les mythes et les légendes ; les religions se sont ingéniées à en créer pour enrôler les populations.

La lecture de Héros… mène à distinguer le héros ou l’héroïne et le personnage. Les deux premiers se situent en dehors de l’humanité commune, alors que les seconds lui appartiennent ; les deux premiers s’identifient à un système de valeurs (voir les super héros des films de la culture de masse produits par l’industrie américaine du divertissement), alors que les seconds, parfois, peuvent déborder leur fonction dans le récit tout en s’abstrayant du système de valeurs dominant. Or, si on tient compte de cette distinction, la lecture du livre montre que les héros de l’antiquité et, en partie, du Moyen âge, comme ceux de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième siècle sont hors du commun, alors que la littérature de jeunesse à partir des années 1960/1970 a révélé des personnages. Bien sûr, cette remarque est fragile car il faudrait élargir le corpus et vérifier aussi l’hypothèse qui la fonde de la différence entre héros/héroïne et personnage. Toutefois, Jean-Philippe et Patricia Arrou-Vignot sont suffisamment instruits de cette littérature et de son historique pour qu’on puisse prendre au sérieux leur livre, au-delà de l’intérêt immédiat pour le jeune lectorat.

Philippe Geneste

(1) Arrou-Vignod Jean-Philippe, Vous écrivez ? Le roman de l’écriture, Gallimard, 2017, p.68 (voir le blog du 6 mai 2018

 

Le NEOUANIC Lionel, Je suis un personnage !, rouergue, 2021, 240 p. 17€

240 pages, 116 entrées, pour instruire le lectorat sur la notion de personnage. Tout commence par savoir ce qu’est un personnage, et savoir qui n’en est pas un. On va parler de héros ou d’héroïne, certes, mais aussi des personnages secondaires, des faire-valoir, des personnages de passage. On va évoquer des personnages connus mais aussi une foule d’inconnus.

Le Néouanic interroge ainsi de nombreuses situations qu’il invente ou qu’il évoque, avec une profusion de dessins humoristiques type fanzines et comics. C’est drôle, et le livre peut se lire comme de mini-biographies de personnages d’un univers nonsensique, ubuesque ou surréaliste. On y croise, évidemment, les personnages symboles de telle ou telle émotion, des comportements, des objets, des animaux, des humains, des éléments du cosmos… On y croise, aussi, des personnages à la vie intérieure chargée.

Bref, le livre de Lionel Le Néouanic fait feu de tout bois. Sa lecture peut être jubilatoire ; mais qu’en retire le jeune lectorat ? Est-il fait pour lui, au fond, ou bien pour des animateurs ou animatrices d’ateliers littéraires, des enseignants ? Le livre peut inciter à prendre la plume, ou tout simplement à se créer son propre personnage : « Toi, moi, nous… Tous, pouvons être personnages » en toute empathie…

Philippe Geneste & Annie Mas

 

FERRETTI DE BLONAY Francesca, Ulysse, l’odyssée des mers, illustrations OYEMATHIAS, Nathan, 2021, 12 p. 9€95

Suivant l’épopée attribuée à Homère dans L’Odyssée, le livre dépliant propose à un plus jeune lectorat la carte légendée qui suit le périple du héros roi d’Ithaque. Nous sommes en Grèce en 1200 avant Jésus-Christ. Ce livre est un riche document, varié, où on trouve des informations sur les dangers de la navigation, sur la science de la cartographie, sur l’apport de l’archéologie à la connaissance de la ville de Troie, sur Homère, avec un résumé de L’Odyssée. Un livre apprécié par la commission

Commission lisez jeunesse

25/08/2019

Propos sur l’écriture

Arrou-Vignod Jean-Philippe, Vous écrivez ? Le roman de l’écriture, Gallimard, 2017, 209 p. 18€
Cet ouvrage, par l’écrivain de littérature jeunesse et de littérature adulte, Jean-Philippe Arrou-Vignod, est une réflexion sur l’écriture. Organisé en huit parties (commencer, personnages, l’intrigue, scènes, dialogues, décrire, comment écrivent les écrivains, le récit de jeunesse), le propos est clair, vivant, mettant à contribution autant l’érudition de l’auteur que son expérience d’écrivain.
Pour J-P. Arrou-Vignod, on n’écrit pas pour la jeunesse, c’est le lectorat qui en décide. Au fond, il y a l’expérience des lectures de l’enfance et les histoires qu’on a entendues, écoutées, dont on s’est délecté. C’est parce que l’écrivain va rejouer dans une œuvre le rapport enfantin au monde, sans le vouloir, par cohérence narrative ou diégétique, que l’œuvre va devenir un livre de la littérature de jeunesse : « certains livres sont habités par un esprit d’enfance qui les rend accessibles aux plus jeunes, mais leur public réel est bien plus large que cette simple tranche d’âge ». Le roman jeunesse, nous dit l’auteur, est « écrit du point de vue des personnages, sans réticences ni précautions éducatives ». L’écrivain ne s’adresse pas aux enfants, il s’adresse « d’abord » à lui-même, à son expérience d’enfant. La littérature, ainsi, apparaît comme un rapport d’expérience. La forme prise pour l’exprimer est celle d’une « narration forte », avec un « héros auquel s’identifier » et, « le plus souvent, un dénouement heureux ». C’est le sujet qui impose cette forme. Le sujet, c’est « la somme des possibles » entrevue durant l’enfance où nulle barrière réaliste ni de convenance se mettent en travers des volontés et des projets. Aux yeux de l’enfant, en effet, « tout … est affaire de vie ou de mort – et pas seulement l’aventure ; l’amitié ou l’amour également ». Les plus jeunes vivent avec une pensée magique où le surnaturel est naturel, où le merveilleux est quotidien, où « l’extraordinaire [est] dans l’ordinaire ». La littérature de jeunesse, que décrit Jean-Philippe Arrou-Vignod, est telle parce qu’elle renoue avec la plasticité du mentalisme enfantin, parce qu’elle réussit à adopter le point de vue enfantin sur le monde, sur un sujet
Cette thèse tend à omettre la réalité du secteur de la littérature de jeunesse où abondent encore des textes didactiques, rédigés pour les enfants, des textes aseptisés avec une volonté d’édification civique (de nos jours, on ne dit plus morale quand on endoctrine les enfants). Mais elle démontre qu’il existe différentes approches du texte que l’édition choisit pour la jeunesse et que toutes ces approches n’ont pas la même valeur littéraire ni humaine.
S’il va intéresser en premier lieu les apprentis écrivains, l’ouvrage intéressera aussi le pédagogue. En effet, le savoir de l’écriture est un savoir spécial, un méta-savoir en quelque sorte puisque l’écriture, comme la parole, englobe tous les sujets, tous les domaines de savoirs. « On ne sait jamais écrire » écrit Jean-Philippe Arrou-Vignod. Une conséquence pédagogique est que l’enseignement de l’écriture ne peut pas se réaliser sans la situation réelle d’une expérience d’écriture. L’élève n’apprend pas l’écriture, il en fait l’expérience et c’est par cette expérience qu’il conquiert peu à peu des savoirs qui sont le propre de l’expression verbale d’une représentation du monde. « Mon dessein n’est donc pas d’établir des normes et des règles. De dire ce qu’il faut faire mais plus humblement, d’expliquer ce que l’on peut faire pour s’approcher de ce qui constitue … les qualités premières d’un bon récit : la cohérence d’un univers, l’efficacité d’une histoire et la justesse d’un style ». Pas un mot de cette citation n’est à retirer par le pédagogue soucieux d’amener l’enfant à construire ses savoirs dans le domaine de l’écriture comme dans tout domaine d’ailleurs.
Alors oui, le livre de Jean-Philippe Arrou-Vignod doit être pris entre toutes les mains, celles des apprentis écrivains, celles des pédagogues, celles des professionnels du livre, des animateurs et animatrices d’ateliers d’écriture. C’est un beau livre à l’écriture claire portant une pensée incisive, stimulante.

Arrou-Vignod Jean-Philippe, Comment Akouba inventa l’écriture, illustrations de Tali Ebrard, Gallimard jeunesse, 2019, 32 p. 13€50
Une couverture cartonnée douce au toucher, aux coins arrondis, des illustrations qui privilégient les plans moyens et généraux, pour un propos qui demande à prendre un peu de distance avec les injonctions de l’urgence de la vie contemporaine des enfants, voilà qui attire. Et les jeunes lecteurs de la commission lisez jeunesse l’ont tous lu. Bien sûr, l’auteur choisit de proposer un abrégé de l’invention de l’écriture en la personnifiant dans la figure inventive d’un petit garçon. Cela peut chagriner mais ce qui plaît, c’est que l’album porte à la connaissance des enfants que la création de l’écriture comme mode de communication entre les humains est née du besoin de mémoire. Il s’est agi, effectivement, d’abord de compter puis de conter. Retenir le nombre puis retenir l’histoire. C’est un besoin social qui, pour être satisfait a procédé par tâtonnements, par erreurs. Et là est une belle leçon de l’humaine condition que propose l’album d’Arrou-Vignod.
Philippe Geneste

07/11/2010

Littérature à destination de la jeunesse

Sallenave Danielle, Pourquoi on écrit des romans…, dessins de Sandrine Martin, Gallimard, coll. Giboulées-Chouette penser !, 2010, 79 p. 10€50 Adolescence
La représentation de la littérature en édition jeunesse serait un sujet d’un grand intérêt. L’ouvrage publié par Giboulées, bien que ne traitant que du roman, donnerait-il des éléments de réponse ? La lecture de la dernière page achevée, le lecteur reste sur sa faim.
Il y a d’abord la question qui sert de titre. Or, après plus de soixante-dix pages de lecture, on ne sait toujours pas pourquoi on écrit des romans. C’est peut-être que la question suggérée est générale alors que les bribes de réponse émanent de « l'expérience » d'une seule personne parfois auteur, parfois prenant le masque d’un personnage. En revanche, on apprend page 46 qu’on achète des livres pour les lire… où le mot clé est « achète » et non pas « lire ».
Peut-être, aussi, que la question pose problème. Pourquoi limiter l’acte d’écriture à un genre (le roman) ? C’est évidemment absurde comme si la corporation des romanciers avait à combattre celle des poètes etc. et comme si la littérature devait rester une affaire d’écrivains professionnels. Selon l’ouvrage, en effet, n’est écrivain que la personne qui fait profession d’être écrivain. Ainsi, toutes les personnes qui écrivent en dehors des cercles parisiens bourgeois sont relégués dans l’oubli.

Mais il y a plus. La forme choisie, le dialogue, n’est en rien judicieuse, peut-être parce que ce dernier est bien mal mené. La litanie de fausses questions et leurs réponses surfaites, est rébarbative à lire et brouillonne à suivre. C’est bien mépriser le lectorat adolescent que de lui servir pareille soupe sans estomac. On se serait attendu, par exemple, à ce que soit traitée la situation de l'acte d'écrire dans le domaine culturel et de vie; on aurait aimé connaître comment l’auteur l'aborde plutôt que de voir reprise la rengaine de l'écriture comme don ou impératif intérieur irrépressible et hors du temps.
La fin de l’ouvrage invente une querelle entre de jeunes protagonistes et l’écrivaine Sallenave qui leur assène une leçon sur les nouvelles technologies pour faire l’éloge en retour du livre et de ses bienfaits. Tout ceci est peu convaincant car loin de répondre à l’horizon d’attente d’un ouvrage prenant place dans une collection philosophique.
Dominique Paillard & Geneste Philippe