Figueras Emmanuelle, Terramania. Notre planète vue comme une
maison, illustrations de Sarah Tavernier,
Alexandre Verhille, Milan, 2018,
48 p. 19€90
Le sous-sol est le centre de la
terre, le plancher la croûte terrestre, la salle de bains les océans… la
comparaison n’est pas très probante. En revanche, le propos écologique et
informationnel est passionnant. Le livre propose au jeune lectorat d’entrer en
connaissance avec la planète Terre, avec les dangers qui la menacent, avec les
problématiques de l’écologie, de la biodiversité, des écosystèmes. La question
de la population (7,5 milliards d’humains, 1,9 millions d’espèces animales dont
de nombreuses menacées) est bien abordée. Le livre se propose de donner des
exemples pratiques, empruntés à la construction d’une maison par exemple, pour
montrer que des solutions existent pour empêcher la catastrophe d’une fin de
l’humanité sur Terre. Le propos n’est donc aps décliniste mais volontiers
optimiste en arguant de la raison et des progrès d’une science en conscience.
C’est un choix qui donne la couleur particulière à ce livre, même s’il y
manque, du coup, la question du pouvoir des humains sur leurs propres vies,
c’est-à-dire la problématique politique. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’à
l’avenir, les ouvrages de ce genre se multiplieront en évitant cette question
et en s’arrêtant pour son traitement à une idéologie des droits de l’homme et
du citoyennisme dont, pourtant, l’impasse est avérée, en matière d’écologie et
d’écologie politique. Nous retrouvons dans ce livre l’impensé inhérent au
secteur éditorial de la jeunesse (sauf rares exemples) à savoir la question de
la lutte des classes dont seule la prise en compte permettrait d’offrir une
vision internationale à la question écologique sous l’angle des solutions
humaines à l’exploitation de la Terre.
Cette dernière remarque n’enlève
rien à l’intérêt du livre qui montre le lien entre les activités humaines et
naturelles qui montre bien que la nature est devenue une résultante de
l’activité économique et sociale de l’humanité et dont, par conséquent, les
problèmes ne peuvent être envisagés qu’en liaison avec le travail productif et
social des êtres humains, des pays et des états.
Figueras Emmanuelle, Le Plastique, illustration de Nikol, Milan, 2020, 40 p. 8€90
Voici un très bon documentaire
que nous recommandons aux enfants de 9 à 12 ans. Le propos est clair, les
illustrations du texte sont efficaces et plaisantes, le papier brillant
agréable à la consultation, et la question est bien traversée autant
qu’excellemment éclairée : depuis quand le plastique existe ? Avec quoi
le fabrique-t-on ? Que fait-on avec le plastique ? Où le
trouve-t-on ? Quels pays le fabriquent ? Pourquoi interdit-on les
sacs plastiques ? Est-ce vrai qu’il existe un continent de
plastique ? Quelle est la durée de vie des différents plastiques ?
Est-il recyclable ou décomposable et comment ? Pourquoi est-il dangereux
pour la santé ? Pourrait-on vivre sans plastique ?
Figueras
Emmanuelle, Secrets de petites bête, illustrations Alexander Vidal, Milan, 2019, 26 p. 18€
Quel bel ouvrage à nouveau, avec
sa jaquette réalisée sous la forme d’un découpage au laser représentant un
paysage juxtaposé sur l’image de couverture colorée où volent papillons,
abeilles, libellules, où trottinent des fourmis. A l’intérieur, un récit tient
en cohérence une multitude d’informations. Belle idée, les auteurs commencent
par le monde de la ruche. On poursuit avec l’araignée qui tisse sa toile et y
prend au piège un cricket. La dentelle du découpage fait merveille. On suit la
ponte d’œufs d’une femelle papillon dans une feuille, œuf avalé par une
chenille, une chenille qui se fait chrysalide, la chrysalide qui se transforme
en papillon. C’est un machaon, il va vivre deux mois et va à la rencontre d’une
femelle qui a attiré son attention.
L’ouvrage quitte alors l’air pour
se concentrer sur la terre des fourmis. On les suit dans leur habitat et selon
leurs différentes fonctions : ouvrières, soldats, nourrices, architectes.
L’ouvrage nous mène alors à la
rivière pour admirer les libellules dans leur chasse aux moustiques, moucherons
et papillons. L’illustration nous offre alors l’accouplement et la ponte des
œufs dans l’eau.
Le jeune lectorat est aussi
invité à rechercher un phasme, insecte à tête, thorax et abdomen, qui se tient
immobile au cœur d’un buisson de ronces. La nuit, il se déplace pour grignoter
quelques feuillages sous le regard avide d’un hibou.
Comme le précédent ouvrage de
Figueras, c’est un album précieux, un cadeau magnifique.
Philippe Geneste