Anachroniques

26/01/2025

Une biographie fiévreuse de Modigliani.

ANDERLE Ernesto, Modigliani, traduction de l’italien Agathe Lauriot dit Prévost, Paolo  Bellomo, Steinkis, 2024, 176 p. 23€

Il fait partie de ces étrangers qui travaillent à Paris et dont la production est jugée, à l’époque, secondaire dans l’avant-garde de ce que le critique Warnod nomme en 1920 l’École de Paris (1). C’est par le portrait érotique qu’on y rattache Amadeo Modigliani (1894-1920). Mais Modigliani oblige à comprendre le portrait pour plus essentiel et c’est ce qui est particulièrement analysé par la fiction biographique d’Anderle. Celui-ci apporte un regard d’artiste et, à propos de l’art du portrait, fait dire à Modigliani : « C’est comme si, avec un œil je cherchais dans le monde extérieur et qu’avec l’autre, je regardais à l’intérieur des gens » (p.103). Le portrait n’est pas un genre, mais devient l’essence de l’art : « Le futur de l’art se trouve dans le visage d’une femme » (p.59). Une exposition de 2016, à Villeneuve d’Ascq consacrée à Modigliani a pris pour titre L’œil intérieur.  

Anderle construit sa bande dessinée biographique en imaginant la quête de son père par la fille de Modigliani et Jeanne Hébuterne, qui se suicida peu après la mort de son amant. La fille rend visite à Utrillo, ami de débauche de Modigiani. Utrillo, qui s’adonne aux peintures figuratives et colorées, est un autre membre de l’École de Paris. C’est lui qui révèle à l’enfant la vie de son père et de sa mère.

Cette composition par mise en abyme épouse les entrelacs ténébreux et torturés de l’esprit de Modigliani, souligne la misère dans laquelle il vivait ainsi qu’Utrillo et Jeanne Hébuterne bien sûr. C’est dans ces ténèbres qu’est évoquée la haine de la famille Hébuterne pour l’artiste, introduisant le conflit de société entre la morale bourgeoise et la réalité de la psyché humaine aux prises avec l’inconscient dont Freud, à l’époque, faisait la révélation. Le catholicisme du père de Jeanne, en cette seconde décennie du vingtième siècle (Jeanne rencontre Modigliani en 1917, rencontre magistralement contée par Ernesto Anderle), alimente sa haine antisémite à l’encontre de l’amant de sa fille. Cette composition permet à Anderle d’aborder le milieu de l’art et de rendre compte du rapport de Modigliani avec Zborowski qui soutenait Modigliani depuis 1915. C’est lui qui organisa l’exposition Modigliani chez Berthe Weil, exposition qui fit scandale et dont la bande dessinée raconte des détails. Zborowski fut aussi l’artisan de l’exposition londonienne de Modigliani où son art fut reconnu, même si les ventes de tableau ne suivirent pas (2).

Bien sûr, la biographie en bande dessinée d’un peintre relève toujours du défi pour le dessinateur. Comment rendre compte de l’art de Modigliani, sans l’imiter, évidemment car ce serait suicidaire, tout en épousant l’esprit ? Ernesto Anderle lui-même artiste aux multiples facettes, choisit de rendre compte de la coulée des couleurs sur les corps nus, des torsions, et déformations. Le travail sur les mains et le visage d’Utrillo, avec le détail de déformations des chairs et du corps, sont exemplaires de ce choix. Anderle joue aussi, ingénieusement, des regards hallucinés ou bien de la figuration des personnages aux yeux sans pupilles : yeux se retournant vers l’intérieur ? De plus, par la composition des planches et le dégradé des couleurs, qui s’opposent parfois, Ernesto Anderle rend l’effet d’ivresse sauvage de la peinture des portraits de Modigliani.

Cet album est à la fois une biographie fiévreuse du peintre, une interprétation passionnée de son art. Entrant dans les traits et les couleurs de la peinture et du dessin de Modigliani, Ernesto Anderle compose une œuvre nouvelle, album à lire comme leg spirituel élevé à la mémoire du peintre.

Philippe Geneste

(1) Joyeux-Prunel, Béatrice, Les Avant-gardes artistiques, 918-1945. Une histoire transnationale, Paris, Gallimard, 2017, 1186 p. – p.66. (2) Ce même Zborowski fonda en 1926 une galerie où il exposait les Modigliani, pariant « sur la célébrité posthume de l’artiste mort dans des circonstances misérables » Joyeux-Prunel, Ibid., p.215. 

19/01/2025

Un Merle au jardin

 JOLIVOT Nicolas, Tino, un merle au jardin, HongFei, 2024, 120 p. 33€

Cet ouvrage de grand format peut être lu comme une suite de Voyages dans mon jardin chroniqué sur le blog lisezjeunessepg du 22 décembre 2021. Le merle y figurait déjà, page 57. Dans Tino (…), nouveau documentaire et récit animalier de Nicolas Jolivot, il est devenu le personnage principal. Le principe de composition est identique aux deux livres : un grand format, des peintures somptueuses, des dessins autant naturalistes que poétiques, un texte descriptif souvent sous forme de légendes d’images, un texte explicatif qui s’insère dans le texte narratif. Ce dernier raconte le rapport intime de l’auteur avec le jardin et, ici, avec un merle qui y a élu domicile avec la merlette, Tinette.

On retrouve toutes les qualités du précédent ouvrage : une observation précise et rigoureuse de naturaliste, sur le temps long d’une année. Le livre est divisé en deux parties : solstice d’hiver et solstice d’été. Nicolas Jolivot s’en explique : ce rythme, qui est « le rythme ancestral des humains basé sur le début et la fin des travaux agraires et pastoraux » (p.9), correspond à celui des oiseaux qui ne se repèrent pas aux quatre saisons, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Naturaliste, le livre offre des pages sur l’anatomie des merles ; éthologue il fournit de multiples observations des comportements et notamment cette magnifique narration (avec dessins et peintures) de la construction du nid par la merlette, début mars. Le temps de la ponte fait l’objet d’un texte délicat et de grande érudition. La description des chants des merles est précise, évocatoire. On suit, par ailleurs, le développement du merleau qui, à son tour, s’installera dans le jardin.

Mais le livre permet de croiser aussi d’autres animaux et, en particulier, d’autres oiseaux, ce qui est sujet à anecdotes. La mort de Tino est contée dans une page poignante digne des grands récits animaliers.

Au-delà des observations précises, des explications et informations scientifiques, l’ouvrage pose des interrogations, comme celle-ci, reprise à un éthologue : les merles sont-ils des « êtres hédonistes » qui recherchent le plaisir ? Leurs comportements sont-ils exclusivement liés à des fins utilitaires ou bien le plaisir y entre-t-il pour une part ? Cette réflexion ouvre sur le rapport des oiseaux à l’esthétique…

Mais il y a plus, encore. L’étude patiente impose de comprendre que « c’est notre environnement naturel qui décide, pas nous [humains] » (p.56). La place de l’homme dans la nature, son rapport aux êtres vivants, à la terre et au cosmos, sont donc en ligne de mire. L’auteur se prend à réfléchir sur un chemin buissonnier : « Les oiseau en connaissent certainement beaucoup plus sur les humains qu’on ne l’imagine » (p.4). Comment faire pour qu’entre les humains et les animaux s’instaure « un dialogue où chacun comprendrait l’autre tout en tenant sa place » (p.6) ?

Tino, un merle au jardin est un livre d’art, un récit dont l’écriture oscille entre le journal d’observation et la prose poétique. C’est un livre à offrir à partir de 12 ans, un livre de choix, à lire et à relire, comme tout chef d’œuvre.

Philippe Geneste

12/01/2025

Plaisir du documentaire

PINAUD Florence, Adieu vieilles peaux ! Les mues des animaux, illustrations d’Émilie Vanvolsem, éditions du ricochet, 2024, 36 p. 14€50

Un nouveau volume passionnant de la collection Ohé la science ! est désormais en librairie. Le livre est servi par l’excellent travail illustratif autant qu’explicatif et d’aide à la compréhension d’Émilie Vanvolsem, aux confins de la planche du naturaliste, de l’art réaliste et de la mise en en histoire dessinée. Le texte de Florence Pinaud est lui, conformément à la ligne éditoriale du ricochet en matière documentaire, limpide, clair, simple à lire et précis.

Le jeune lectorat y apprend une multitude de choses sur quantité d’animaux : les serpents, bien sûr, mais d’autres reptiles et batraciens aussi, des crustacés, des insectes, des araignées. L’ouvrage élargit l’horizon des mues aux oiseaux, aux mammifères. Le documentaire allie intelligemment une narration de scènes de mue et un travail de légendage d’illustration, sur une double page conservant ainsi son unité informative. Pour le jeune lectorat, c’est la possibilité offerte de lire soit dans l’ordre de la pagination soit en désordre selon le centre d’intérêt du moment.

Ce dernier choix est d’autant plus permis que, comme toujours dans les volumes d’Ohé la science !, les deux dernières pages, plus ardues à lire mais sans difficulté insurmontable, rassemblent l’ensemble des informations dans un texte de synthèse qui permet de coudre le fil qui a permis aux autrices de tisser les trente-six pages foisonnantes du volume.

 

GRUNDMANN Emmanuelle, Les P’tits Bâtisseurs, illustrations Chloé du COLOMBIER, éditions du ricochet, 2024, 28 p. 10€50

La collection Éveil Nature s’enrichit d’un nouveau volume, aussi attrayant, instructif, passionnant que les autres. Le format carré les angles arrondis de la couverture, le papier glacé, font du livre un bel objet, maniable par le jeune lectorat. Les images naturalistes et parfaitement en correspondance avec le regard des jeunes lectrices et lecteurs s’allient avec la sobriété du texte pour présenter avec clarté de nombreux animaux et leurs œuvres, de la taupe au castor, du blaireau à la marmotte, de la guêpe au rat des moissons, du martin-pêcheur à l’hirondelle.

L’ouvrage pourra aisément être prolongé par une recherche dans l’environnement proche ou plus lointain de l’enfant lecteur par une recherche de l’habitat des animaux. Ce qui convainc, à chaque fois, dans cette collection, c’est la rigueur de l’information, le souci de s’adresser tant par l’image que par le texte au jeune lectorat. Une nouvelle réussite des éditions ricochet. 

 

LESCROART Marie, RABAH-KONATÉ Myriam, Le Nil fleuve des pharaons, illustrations de Catherine CORDASCO, éditions ricochet , 2024, 77 p. 17€

On a déjà dit tout le bien qu’on pensait de cette collection du tour du monde des cultures à travers les monuments naturels. Ce nouveau volume ne fait que confirmer et renforcer l’appréciation.

Suivre le Nil, c’est évidemment entrer dans l’histoire de l’Égypte mais c’est bien plus que cela, puisqu’on traverse aussi le Soudan, l’Érythrée, le Soudan du Sud, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et le Kenya. Que ce soit le travail de photogravure, celui de la typographie, l’art des illustrations, tout concourt à rendre attrayant ce volume foisonnant. La question géopolitique de l’hydraulique, les raisons agro-industrielles de l’assèchement et de l’infertilité des terres, l’histoire coloniale, la période des libérations nationales, la civilisation égyptienne antique dans ses liens étroits avec le fleuve, il n’y a pas de double page sans vif intérêt pour le jeune lectorat. On peut juste regretter l’absence d’une carte plus précise qui permettrait de situer bien des lieux évoqués, mais cette remarque n’enlève rien au plébiscite apporté par la commission lisezjeunesse à cet ouvrage. Un régal.

 

DELHEM Rik, Petites Bêtes en très gros, Milan, 2024, 80 p. 26€50

Réalisé par un entomologiste passionné de macrophotographie, le chercheur qui travaille dans un laboratoire de taxonomie à Amsterdam propose un ouvrage de grand format qui répertorie les insectes de la forêt, en spécifie le milieu, en présente les caractéristiques. Grâce à la macrophotographie, l’enfant mais l’adulte tout autant prennent connaissance de l’aspect physique d’une quantité d’insectes d’espèces différentes. Le livre présente, toujours succinctement et très clairement, les moyens de défense, la nourriture, la reproduction, les raisons d’être de tel ou tel trait physique, en choisissant pour chaque insecte un domaine d’information privilégié.

Le grand format, la mise en page des photographies (plusieurs en général sur une même page) sur un fond noir, tout concourt à faire de l’ouvrage un livre de toute beauté et un livre d’art au service de l’entomologie. La taille réelle des insectes est reproduite en silhouette à côté de la photographie agrandie et en couleur.

Les quarante-pour cent des espèces des insectes, qui sont en voie de disparition donnent toute son actualité à l’œuvre de Rik Delhem. Le livre fait d’autant plus prendre conscience de la catastrophe écologique qui affectera nécessairement les humains qui pourtant perpétuent cette hécatombe. L’enfant prendra conscience tout en partageant un moment de beauté esthétique. Un livre remarquable, plébiscité par la commission lisezjeunesse.

Philippe Geneste

 


05/01/2025

La vraie vie

BURNAT-PROVINS Marguerite, Contes en vingt lignes, dessins de Gisèle VALLEREY, préface de Catherine Dubuis, éditions de Jérémie Pinguet, L’Harmattan, 2024, 106 p. 11€

Voici un ouvrage de contes significatif des recherches de la fin du dix-neuvième siècle et début vingtième siècle. Ils sont écrits par Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), une écrivaine française de naissance et qui a vécu en Suisse où son œuvre fait l’objet d’une grande considération. Le livre est illustré par Gisèle Vallerey (1889-1940) qui lui vouait une grande admiration. Si elle a vécu à Paris, les écrits de Marguerite Burnat-Provins sont nourris des multiples pays et lieux où elle a vécu, avec une mention particulière du Valais suisse. Le recueil se compose de vingt-trois contes courts réunis sous le titre « Contes en vingt lignes », d’un conte esseulé, « L’Aéroplane », de trois « Contes flamands » et de trois contes « Contes valaisans ». Si le premier groupement de contes peut être qualifié par la brièveté annoncée par le titre, les autres groupements sont des contes qu’on pourrait dire cruels, tant leur tonalité, leur thématique parfois, les rapprochent de ceux de Villiers de l’Isle-Adam (1838-1889), mais sans excès dans l’écriture.

Ce qui frappe dans le premier regroupement « Contes en vingt lignes », c’est un art de la chute. Les premiers textes sont des apologues, récits illustrant symboliquement une vérité qu’il est demandé au lecteur de recomposer. De ce fait, ces textes font un clin d’œil à la devinette. C’est d’ailleurs un trait de l’écriture de ce volume : l’autrice ne se prive pas d’interpeller son lectorat, l’impliquant dans l’histoire contée. De même, elle joue, notamment dans les contes valaisans, avec une authentification de la situation du conte, qu’elle présente puisée dans son expérience personnelle. Enfin, la gourmandise lexicale de l’autrice pour le vocabulaire régional et spécifique participe à la captation de notre attention de lecteur et lectrice. L’insistance de réalisme qui se fait jour vient pourtant buter contre le genre du merveilleux. L’autrice se fait exploratrice de l’âme humaine, c’est-à-dire du désir, de la pensée communiquée, du sentiment et de la parole qui le représente. Traversée par de l’ironie, de la raillerie même parfois, la prose de Marguerite Burnat-Provins ne laisse pas l’esprit du lecteur en paix, elle l’assaille de traits, de tours, elle le déstabilise par les surprises des péripéties. L’hésitation propre au fantastique n’a pas cours au niveau de l’histoire mais structure l’appréhension des sentiments. Contes en vingt lignes installe le lecteur d’emblée dans un univers fictif, irréel, parallèle à la réalité mais par l’exploration de l’âme humaine suscite une inquiétante identité avec la vie onirique, psychique de chacun. Souvent, les personnages communiquent une conscience fausse de leur état, entraînant la lecture dans une interprétation tortueuse qui semble vaine avant que la chute vienne lui offrir quelque clé de délivrance sémantique. Durant ce processus le lecteur est entraîné dans les arcanes de la psyché, touche parfois à l’indicible des désirs que l’autrice expose en fiction.

Les dessins en noir et blanc de Gisèle Vallerey accompagnent la sensification du texte, induisant des orientations de lecture qui s’avèrent toujours pertinentes. Ils préparent l’irruption de l’irrationnel sans interférer avec les images que chacun élabore durant sa compréhension du récit. Contes en vingt lignes semble être écrit pour susciter le croisement des imaginations entre celle de l’autrice, de la dessinatrice et des lectrices et lecteurs. Comme Poe, comme Villiers de l’Isle-Adam, comme un certain Maupassant, Marguerite Burnat-Provins convoque l’horreur. Le phrasé, la crudité des descriptions, le goût de l’enluminure stylistique, imprègnent les récits de romantisme. Du romantisme aussi, ils reprennent le goût du mélange des genres, le goût de l’obscur et des ruines, de la tradition et de la sincérité sauvage de l’amour. Enfin, « l’émotion et la liberté d’imagination » (1) soufflent sur l’ensemble du volume. Dans un geste anti-moderniste où tristesse et affirmation d’interdits se dessinent avec intensité, les textes invitent à ne jamais se défaire de la vie qui bat à l’intérieur de soi pour s’en remettre à des battements orchestrés de l’extérieur.

La convocation des légendes religieuses ou de thèmes bibliques ajoutent à cet affranchissement du rationnel. Mais dans ces récits, nulle morale chrétienne ou civique. Les caractéristiques relevées sont principalement mises au service de l’exploration de la mort et de ses corollaires l’oubli, le dépassé, d’une part, et, d’autre part, de l’expression du désir et de l’amour, triomphant ou refoulé, reconnu ou brisé :

« - J’ai soif. Je suis venu te prier de rafraîchir ma poitrine, répondit la femme. Toi qui es pure et froide éternellement, éteins ce feu qui me brûle, cet amour qui flambe dans mon cœur et ne me laisse ni trêve ni repos.

- J’ignore ce dont tu me parles, répondit tranquillement Dame Neige, en la considérant de ses yeux chastes, mais puisque tu souffres, je te donnerai l’oubli en te rendant le sommeil car je suis celle qui endort. » (Extrait de Dame Neige)

« Pendant des jours, la vie lui parut une fête, une grande fête d’oubli et de recommencement. (…)

Mais elle s’étonnait de sentir que son désespoir n’était remplacé par aucune espérance, qu’en elle plus rien ne semblait attendre ni désirer » (Extrait de Le Cœur).

L’entrecroisement des deux thématiques créent une fusion avec le temps. Ce dialogue entre Eros et Thanatos appelle le romantisme noir. La littérature sert d’instrument à la résurrection de l’enfoui et, peut-être, pour la poétesse conteuse la création artistique (elle était aussi peintre) est-elle le chemin pour accéder à la vraie vie, à ce pont de fusion de la vie et de la mort.

Contes en vingt lignes, initiative des Associations des amis de Marguerite Burnat-Provins, documenté avec érudition par Catherine Dubuis et Jérémie Pinguet, met à la disposition du lecteur français une autrice attachante et en quête de liberté. Ce livre devrait faire date pour une revalorisation de toute son œuvre dont espère de prochains volumes.

Philippe Geneste

Note

(1) Löwy, Michael, Sayre, Robert, Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité, Paris, Payot, 1992, 306 p.– p.65.