Sous-Commandant Marcos (racontée par) Domi (illustrée par), La Grande histoire des couleurs, traduit de l'espagnol par Françoise Escarpit, éditions Syros, 2006, 48 p., 14€
Le premier ouvrage rassemble des discours du sous-commandant Marcos prononcés entre 1992 et 2003. Françoise Escarpit les a répartis en cinq chapitres encadrés par deux textes qui permettent au jeune lecteur de se repérer et d'avoir une meilleure compréhension de ce qu'il va lire. Soit le sommaire suivant : 1 ancêtres et héritiers, 2 Le Chiapas des indiens et des guérilleros, 3 Les Raisons d'une insurrection, 4 Vie et mort des enfants indiens, 5 La Couleur de la Terre, 6 Un Rêve rêvé par les cinq continents, 7 enlever le passe-montagne et faire tomber les masques. A cela s'ajoute une introduction, une carte du Mexique avec les divers états et leur capitale et une carte du Chiapas, une conclusion, une filmographie, une bibliographie, un glossaire et une petite chronologie zapatiste. Le format du livre est confortable et les pages très aérées. C'est une réussite car le style, aussi, est très clair. La question du rapport avec le pouvoir central, avec la gauche institutionnelle, le rôle des femmes, le projet éducatif et sanitaire etc. sont mis à la portée du jeune lectorat dès l'âge de 14 ans… et des adultes qui ne manqueront pas de venir grossir le lectorat de cet ouvrage. Le travail d'édition de Françoise Escarpit est, ici, à louer.
Pour le second ouvrage, c'est un conte d'un vieil indien rapporté par le Sous-commandant Marcos (qui, lui-même, n'est pas indien mais métis). Plutôt que d'un conte, il s'agit d'une fable en hommage à la diversité des êtres humains sur la terre, un hymne à la richesse de la variété des peuples. Les peintures de Domi (Gloria Domingo Manuel) rencontrent intensément le verbe poétique du texte. Ainsi naît la grande aventure de l'humanité, d'une humanité à repenser dans le respect de sa diversité. Ce second ouvrage est un véritable livre d'art. Redonnant au peuple la maîtrise de son langage, qui cherche à approfondir l'autonomie de son imaginaire, le livre perpétue une image de la révolution zapatiste, qui allie littérature, tradition orale locale et réflexion politique. On y retrouve cette persistance d'une parole jamais solitaire, toujours duelle au moins (« nous sommes deux pour discuter » répondit-il à Montalban dans un entretien paru en 2003 aux 1001 nuits, dans Marcos. Le Maître des miroirs), plurielle le plus souvent.
Geneste Philippe
Mfoumou-Arthur Régine, L'Esclave Olaudah Equiano. Les chemins de la liberté, L'Harmattan, collection jeunesse L'Harmattan, 2006, 116 p., 12€
Le livre, issu d'un travail universitaire, conte l'épopée d'un jeune esclave arraché d'Afrique à onze ans et qui va conquérir sa liberté avec une multitude de péripéties par lesquelles le jeune lectorat peut prendre connaissance de la condition d'esclave, notamment sur les navires. Le racisme est évidemment abordé lorsqu’ Equiano obtient son affranchissement. Pour autant, le récit autobiographique initial, qui sert de fil conducteur au roman de Mfoumou-Arthur, n'est pas un récit de révolte ni un récit qui lance un message de révolte. Equiano va se convertir au protestantisme et cherche, toujours, à composer avec les blancs pour améliorer sa condition d'esclave. La religion tient une place prépondérante dans ce récit. Un livre intéressant parce qu'issu d'un écrit authentique d'esclave adapté avec intelligence et savoir par Régine Mfoumou-Arthur.
Commission Lisez Jeunesse.
Hassan Yaël, Libérer Rahia, Casterman, collection feeling, 2010, 140 p., 8€
Il s’agit de la vie d’une esclave d’aujourd’hui. L’intrigue est faite des efforts de ses amis pour sortir cette jeune fille marocaine de sa condition. Blandine Audric a quitté le Maroc avec ses parents qui ont emmené Rahia, la fille de leur cuisinière. C’est elle, Rahia, qui, à treize ans, va devoir s’occuper du ménage et de l’entretien de leur maison à Paris. La mère de l’enfant avait cru que les Audric permettraient à Rahia d’étudier en échange de menus travaux. En fait, Rahia est enfermée dans un débarras et relégué aux tâches ménagères. Grâce à Blandine et deux de ses amis, Rahia va pouvoir sortir de la condition d’esclave. Le récit est juste dans la condition décrite. Il trouve sa force dans l’alternance des voix narratives, puisque chaque personnage narre à la première personne. Il pose la question de la responsabilité de l’individu témoin face à l’injustice. Son point faible est de ne pas poser explicitement l’enjeu de classes sociales qui est à l’origine de l’esclavage moderne. En revanche, il permet d’aborder avec intelligence la question des travailleurs clandestins, par le biais de l’exploitation des enfants.
Il s’agit de la vie d’une esclave d’aujourd’hui. L’intrigue est faite des efforts de ses amis pour sortir cette jeune fille marocaine de sa condition. Blandine Audric a quitté le Maroc avec ses parents qui ont emmené Rahia, la fille de leur cuisinière. C’est elle, Rahia, qui, à treize ans, va devoir s’occuper du ménage et de l’entretien de leur maison à Paris. La mère de l’enfant avait cru que les Audric permettraient à Rahia d’étudier en échange de menus travaux. En fait, Rahia est enfermée dans un débarras et relégué aux tâches ménagères. Grâce à Blandine et deux de ses amis, Rahia va pouvoir sortir de la condition d’esclave. Le récit est juste dans la condition décrite. Il trouve sa force dans l’alternance des voix narratives, puisque chaque personnage narre à la première personne. Il pose la question de la responsabilité de l’individu témoin face à l’injustice. Son point faible est de ne pas poser explicitement l’enjeu de classes sociales qui est à l’origine de l’esclavage moderne. En revanche, il permet d’aborder avec intelligence la question des travailleurs clandestins, par le biais de l’exploitation des enfants.
Commission Lisez Jeunesse