RIGAL-GOULARD,
Sophie, 15 jours sans réseau,
Editions Rageot, 215 p., 1290. ISBN :
9782700253184
Emilie
Ramier est une collégienne de 12 ans et la narratrice de cette histoire, écrite
à la première personne du singulier. Elle vient d’ouvrir un compte Facebook.
Elle a bien l’intention d’en profiter en publiant ses « pensées du jour », ses photos avec
ses amies et en guettant les « like »
sur ces commentaires. Dans sa famille, Emilie n’est pas la seule à être friande
des écrans. En effet, ses parents utilisent leur téléphone ou leur tablette dès
le matin afin de consulter leurs mails professionnels. Son grand frère de 16
ans, Ambroise, ne fait que jouer aux jeux vidéo en ligne tandis que son petit
frère Lucien, âgé de 8 ans, joue souvent à la game-boy.
Mais,
pour les vacances d’Eté, les parents d’Emilie décident d’un voyage dont la
destination ne va pas du tout plaire aux trois enfants. En effet, ils partent,
pour deux semaines, dans des chambres d’hôtes d’un petit village de la Creuse pour y faire une
« détox numérique ». L’objectif du séjour est que les participants
gèrent leur « addiction en se
coupant complètement de tout lien numérique ». Une fois sur place, ils
ne doivent donc plus se servir de leurs écrans. Ils remettent leurs téléphones,
leurs tablettes… aux organisateurs qui les accueillent : Capucine et
Alfred, surnommés respectivement la « fée »
et le « lutin » par Emilie
à cause de leur look un peu farfelu.
Les
participants à cette expérience « zéro
réseau », où aucune connexion n’est
possible, peuvent, s’ils le souhaitent, choisir des activités à effectuer dans
la journée : ping-pong, lecture, yoga, séances de pêche, ateliers d’écriture…
Si les parents et le plus jeune frère sont très rapidement enthousiastes, Ambroise
et Emilie sont dépités. La collégienne s’inquiète de ne plus rien pouvoir
publier sur son compte Facebook. Elle décide d’écrire les événements marquants
de ses vacances hors normes dans un carnet, tenant ainsi un journal intime. Mais
la situation est pire pour Ambroise qui ne peut pas envisager une aussi longue
période sans jouer à son jeu vidéo favori, sans regarder ses matchs en ligne…
Il décide d’explorer les alentours et trouve une cabane en bordure de la
propriété où il va utiliser le Wi-Fi des voisins avec le portable qu’il a caché…
Mais ces derniers vont déménager et la coupure d’Internet sera complète.
Pourtant,
les deux adolescents semblent être les seuls à souffrir de cette coupure de
réseau. Une autre participante qui s’appelle Elise et a l’âge d’Ambroise, a,
elle, accepté de vivre quelques temps sans Internet, tout comme ses parents
qui, en temps normal, sont très connectés. Ils vivent cela comme une pause pour
se retrouver en famille. D’abord vue comme une donneuse de leçons agaçante,
Elise devient finalement copine avec Emilie. Cette dernière accepte petit à
petit la situation et oublie un peu son compte Facebook. Elle remarque que,
depuis le début de leur séjour, les membres de sa famille se sont beaucoup
rapprochés, ses parents sont plus détendus, Lucien est enthousiaste pour toutes
les activités proposées, Ambroise s’est montré solidaire pour aider son petit
frère qui faisait une allergie et montre des talents de peintre… Malgré tout, il
reste récalcitrant à la détox et
n’hésite pas à prendre le moindre prétexte pour aller, en secret, au cybercafé
du village pour jouer à son jeu en ligne. Emilie et Elise, qui semble
d’ailleurs être tombée sous le charme d’Ambroise, veulent l’aider à se
déconnecter et à profiter pleinement des moments passés ensemble. Elise leur
révèle que la cabane dans le jardin où on capte du réseau a été construite par
Alfred. Les organisateurs savent bien qu’au début de la détox beaucoup d’adolescents vivent très mal le fait d’être sans
réseau.
Pourtant,
contre toute attente, lors d’une urgence médicale (Alfred s’étant fait piquer
par une guêpe), c’est le papa d’Emilie qui appelle les pompiers avec son
téléphone portable qu’il avait caché dans sa poche. Car pour les adultes aussi,
respecter complètement les règles de la détox
numérique est compliqué ! D’ailleurs, Capucine confie, à la fin du livre,
qu’Alfred et elle se connectaient tard dans la nuit afin de gérer leur site
professionnel et de lire des articles sur leur chambre d’hôtes.
A
la fin du séjour, la famille d’Emilie rentre plus soudée que jamais. Si chacun
reprend ses habitudes numériques, parents et enfants décident ensemble de
réduire le temps passé devant leurs écrans respectifs, y compris Ambroise. Le
séjour a permis aux enfants de se découvrir un talent caché : la peinture
pour Ambroise, l’écriture pour Emilie, les jeux et activités pour Lucien.
Mon avis :
J’ai
adoré ce livre qui est écrit avec beaucoup d’humour. L’auteure ne fait pas du
tout la morale concernant les écrans, qui au final sont indispensables à notre
époque (professionnellement, socialement…). Elle montre simplement qu’être
ultra-connecté est un peu dommage, nuit à la vie de famille et empêche un
épanouissement personnel important. En effet, cette détox a eu un effet bénéfique sur les trois enfants :
Ambroise, qui est l’adolescent renfermé de la famille, addict des jeux vidéo,
est celui qui a le plus de mal à rentrer dans le principe de la détox numérique. Bien qu’ayant un peu
triché en se reconnectant au cybercafé, il s’en tire finalement très bien et
parvient à renouer des liens avec sa famille. Il tombe même amoureux d’Elise.
Emilie, la narratrice, est au début dans la même situation que son frère mais
accepte de jouer le jeu et de faire cette détox
à fond. Elle se découvre un réel talent pour l’écriture et n’éprouve plus le
besoin de publier l’ensemble de sa vie sur Facebook. Et enfin, Lucien, qui est
vraiment l’enfant de la famille et qui auparavant était le bon élève effacé
derrière sa game-boy (quoiqu’étant moins connecté que son frère aîné), s’amuse
et fait toutes les activités proposées. Il veut même devenir scout à la fin du
livre. Les parents sont eux aussi ravis du séjour qui a permis de renouer les
liens de toute la famille.
Milena Geneste-Mas