Momota Satomi, Tsuchiya Ken, Les Dinosaures en manga, Bayard jeunesse, 2020, 175 p. 12€90
« Biku, un garçon qui n’aime pas trop l’école,
Kiarara, plutôt portée sur l’univers kawaï, et Ginga, un garçon assez dynamique »
sont embarqués dans un voyage à travers le temps qui les mène à l’ère des
dinosaures. Les personnages humains sont aidés d’Heliki, une créature
extra-terrestre qui visite la Terre. L’exploration prend place dans le cadre du
club de sciences animé par la professeure Nadeshiko. Les chapitres
correspondent à la découverte de certains groupes d’êtres vivants du
mésozoïque, à commencer par les mosasaures et ammonites (reptiles marins et
céphalopodes du crétacé), à celle des dinosaures (sauropodes et dinosaures
géants, ptérosaures, tyrannosaures, les dinosaures à plumes), qui se taillent
la part du lion si on ose dire, à l’étude des fossiles, base de l’analyse
scientifique de cette ère. Concernant l’explication de l’extinction des
dinosaures il y a 66 millions d’années, l’interprétation penche pour le
catastrophisme, une chute de météorite qui aurait anéanti en un jour toute
cette faune géante. Il est peu compréhensible que les auteurs n’aient pas
produit devant le jeune lectorat l’ensemble des hypothèses dont débat la
communauté scientifique.
Des notes de
bas de page au cours du récit d’aventure et des doubles pages informatives et
explicatives favorisent la curiosité juvénile. Le vecteur du manga attire, on le
sait, le jeune lectorat qui peut se plonger dans cet ouvrage dès 9 ans et
jusqu’à 14 ans.
DAUGEY
Fleur, Les P’tits Dormeurs, illustration Chloé du COLOMBIER, éditions du
ricochet, 2021, 28 p. 9€50
Formidable
éditeur que Ricochet qui propose aux petits enfants -4/8 ans- un documentaire
sur l’hibernation. Comme pour cet âge-là, il serait contre-indiqué de viser
trop de précisions, les autrices ont choisi de suivre les marmottes,
l’écureuil, le loir et le hérisson. L’avantage est qu’il existe des enfants qui
peuvent en avoir fait la connaissance dans leur environnement. On suit les
protagonistes dessinés avec malice et sensibilité de l’été au printemps. Et
bien sûr, on découvre les secrets de l’hibernation, secrets bien gardés puisque
par définition, les hibernants sont invisibles. Sur ce socle de connaissances
les autrices élargissent leur propos à d’autres animaux, afin de faire
comprendre la différence entre hivernation et hibernation. Le livre de format
carré aux coins arrondis et à la couverture douce sera aisément tenu par les
petites mains.
DAUGEY
Fleur, Les P’tits Escargots, illustration Chloé du COLOMBIER, éditions
du ricochet, 2021, 28 p. 9€50
Merveilleux
petit ouvrage qui fait l’éloge de la paresse astucieuse. L’enfant peut
retrouver dans sa vie quotidienne les situations dans lesquelles apparaissent,
dans les images, les petits gastéropodes. Il comprendra pourquoi l’escargot
peut tenir sur des tiges sans tomber, comment il se reproduit, lui chez qui la
recherche d’un partenaire est d’une facilité déroutante puisque l’escargot est
à la fois mâle et femelle. Il découvrira les prédateurs pour ce pauvre animal,
mais aussi l’ingéniosité de sa coquille et l’éventail des fonctions qu’elle
assure. Il sera sensibilisé à l’existence de plusieurs espèces et terminera le
livre en s’étonnant du grand sommeil hivernal de l’animal, qui se prolonge
jusqu’au printemps à l’intérieur de la coquille bouchée par une couche de bave
durcie.
Encore un album où l’érudition fait
voyager et se tourner vers la nature, ses coins, jusque dans les recoins de la
maison. D’abord, l’œuvre de connaissance emporte l’adhésion. Connaître c’est
tromper les préjugés : les araignées ne piquent pas, ce ne sont pas des
insectes, elles sont utiles. De tels faits mènent à interroger la répulsion
parfois ressentie, sa source, sa pertinence.
Et
puis, connaître, c’est découvrir : le pouvoir de mimétisme des araignées
qui prennent forme et apparence à la perfection d’autres animaux ; les
parades nuptiales et leur lot de surprises et de cruauté, avec des rapports
mâles/femelles souvent inversés, la femelle décidant ; le sacrifice de la
mère pour nourrir ses petits ; l’argyronète, cette araignée qui vit sous
l’eau dans une bulle ; et plein d’autres merveilles. Enfin, il y a ces
développements sur la toile avec les perspectives qu’elle présente pour la
technologie de pointe. Alors, oui ce livre peut être lu comme une
réhabilitation savante de l’araignée, une invitation à vivre avec, en les
observant sans les détruire. Un grand livre de cet éditeur soucieux d’une
science ouverte.
BARTHERE
Sarah, Antoni Gaudi , illustrations de Claire DE GASTOLD, Milan,
2021, 40 p. 8€50
Tout
commence le 25 juin 1852, puisque naît Antoni Gaudi, qui se destinera plus tard
à poursuivre des études d’architecte. Il en obtiendra le diplôme en 1878. On
suit ainsi Gaudi au fil des années depuis la maison Vicens bâtie entre 1883 et 1888
jusqu’à la construction du Capricho, de la conception d’un domaine équestre à
celle du palais d’Eusebi sis à Barcelone, du palais épiscopal d’Astorga à la
Torre Bellesguard, du parc Güellà la Casa BatillÓ, de la maison Milà à la Sagrada Familia et
sans compter les travaux d’art décoratif, d’art du meuble et pour la céramique.
L’ouvrage est clair, abondamment illustré, didactique mais vivant. L’enfant en
sort plus instruit.
LABBE
Brigitte, Dupont-Beurrier P-F, Les artistes et le monde,
illustrations de Jacques AZAM, Milan, 2020, 56 p. 8€90
On
ne présente plus la collection Les goûters philo tant elle a convaincu
le jeune lectorat auquel elle s’adresse et qui nous semble devoir être plus
spécifiquement celui de fin d’école primaire et de collège. L’ouvrage s’attache
à montrer que l’utile n’est pas ce qui donne seul le sens à la vie. L’art n’est
pas lié à une fonction mais à l’humaine condition. Il est lié au plaisir, à
l’évasion, à la connaissance de soi, à un approfondissement de la compréhension
de notre expérience, à la connaissance critique du monde. L’art interroge et
stimule les questionnements du sujet. L’art combat le repli sur soi et
l’artiste est un être ouvert au monde et aux autres. L’art nous ouvre en
imposant une temporalité alentie, car il faut prendre le temps, accepter de ne
pas directement comprendre, donc il nous invite à reprendre les choses. Dans un
monde de la vitesse et de l’urgence, l’art mène à une transformation de
l’appréhension du temps… à qui le prend.
Philippe
Geneste