CORENBLIT Rachel, Sortir du placard, Nathan, collection Court toujours, 56 p., 2022, 8€.
Le résumé :
Rita a dix-sept ans et décide d’avouer à
son entourage qu’elle n’aime pas les garçons (1). Ses parents sont séparés,
Rita en parle d’abord à sa maman qui prend assez bien cette nouvelle. Elle s’en
veut seulement de ne pas l’avoir deviné avant. Son père est quant à lui un peu
surpris, il pense que c’est « de sa faute » parce qu’il n’a
pas été assez présent lorsque sa fille était petite… Son meilleur ami, Dimi, la
comprend.
Lors d’un repas de famille avec ses
grands-parents, sa tante, son oncle… le père de Rita décide d’annoncer à tout
le monde que sa fille est homosexuelle pour montrer qu’il est à l’aise avec
cette situation (sans en avertir sa fille au préalable…). Rita est très gênée
mais heureusement personne dans sa famille ne la rejette même s’ils ne
comprennent pas forcément. Ses grands-parents pensent que « c’est la mode »…
À
la fin de l’histoire, Rita a son premier flirt avec une fille, lors
d’une soirée d’anniversaire chez une copine.
Mon avis :
Ce Roman pour préadolescents et
préadolescentes est assez court et très facile à lire. Les
personnages sont assez attachants. Personne ne rejette Rita pour son
homosexualité, en revanche certaines réactions révèlent une gêne : son
père, notamment, qui veut montrer qu’il est à l’aise avec cette nouvelle mais
qui se demande qui est responsable, sa grand-mère qui pense que c’est un
« effet de mode » et s’inquiète un peu… Ce sont des réactions
assez réalistes. J’aurais aimé en savoir plus sur ce qu’il se passe après la
soirée d’anniversaire et sur la jeune femme que Rita a embrassé (on ne sait
même pas son prénom). Au niveau de ses amis, on a seulement la réaction de
Dimi, très positive, il l’accepte telle qu’elle est. J’aurais aimé avoir
d’autres réactions.
Milena
Geneste-Mas
(1) Au début de
l’histoire, elle ne sait pas si elle est homosexuelle
ou pas mais ce qui est sûr c’est qu’elle n’est pas attirée par les hommes.
Quella-Guyot,
Didier, La Part des flammes, dessins Wyllow, Philéas, 2022,
136 p. 19€90
Cette
bande dessinée est l’adaptation du roman de Gaëlle Nohant paru en 2015. Les
salons mondains de la fin du dix-neuvième siècle, ceux-là mêmes que Proust
épinglera dans son grand œuvre, sont campés avec plein d’intelligence. Les
aristocrates, qui les peuplent, traînent leur inutilité sociale avec leur
morgue, la haine du peuple, le mépris des bourgeois qu’ils courtisent pourtant,
et une jalousie de classe rancunière. Menacée par la ruine, nombre de membres
de cette noblesse recourt au « riche mariage », pour sauver les
meubles, pour ne pas perdre la face. Les salons sont les espaces boursiers de
paroles et d’échanges des corps, des cœurs réifiés. La bande dessinée nous fait
pénétrer au cœur de ces « discours du loisir subventionné par la classe
économique » (1).
La
trame dramaturgique concentrée par l’adaptation a su conserver l’essentiel de
la situation sociale de la classe aristocratique de la fin du dix-neuvième
siècle, avec ses différentes stratégies d’inclusion sociale allant de la
marginalisation ruineuse à l’intégration à la bourgeoisie financière. Le monde
désœuvré des rentiers et des rentières est très bien rendu, ses liens avec
l’univers ecclésiastique est souligné. Le snobisme des aristocrates s’enveloppe
de religiosité, l’Église rendant service à ses protecteurs d’autrefois. C’est
ainsi tout un monde de fausseté, où on se hausse sur les épaules d’aïeux
illustres, où on calcule ses cousinages, où on fraye si besoin est avec la
bourgeoisie en essor pour y trouver barrage à son effondrement, qui est ainsi
représenté. Chez le bourgeois, le noble cherche la convertibilité de son
capital symbolique -sa particule- en capital économique. Le mariage est alors
un enjeu crucial dans l’échange projeté.
Les
œuvres philanthropiques sont un symbole des collusions malsaines de
l’aristocratie décadente et de l’ordre religieux en perte de légitimité. La
bande dessinée donne à lire des péripéties d’une héroïne prise sous les
soubresauts de cette classe qui consume ses derniers feux et qui aura à sortir
des griffes de la congrégation religieuse en évitant celles de la dévoration
financière de ses parents mêmes.
Philippe
Geneste
(1) Zima,
Pierre V., L’Ambivalence romanesque. Proust, Kafka, Musil,
nouvelle édition revue et augmentée, Paris, L’Harmattan, 2022, 393 p. -
p.111
*
En défense
de la liberté d’expression
« Le
spectacle Fille ou garçon ? (spectacle musical tout public à partir
de 6 ans) créé à l’automne 2022 », à partir du livre paru aux
éditions Hygée, est fréquemment la cible de groupuscules traditionnalistes
(dont Civitas). C’est le droit à la création artistique et le droit à la
liberté d’expression qui sont ainsi mis en cause. Le blog lisezjeunessepg
assure les éditions Hygée et 709 Production de sa solidarité et
de son soutien.
Rédigé à partir du communiqué reçu le 17/03/2023 de Marion Rouxin.
Aux éditions Hygée
BORDET-PETILLON
Sophie, DONNADIEU-RIGOLE Hélène, Le cannabis et (pas) moi, l’essentiel
pour m’informer et me protéger, illustrations Clémence LALLEMAND, Hygée
éditions, 2022, 48 p. 13€90
Le
livre consiste à déconstruire des « idées reçues » en ne se
plaçant que du point de la loi, ce qui limite le propos, en lui interdisant une
vision historique et anthropologique. En revanche, le livre s’appuie sur la
réalité vécue par les collégiens et lycéens, auxquels le livre s’adresse
prioritairement. Les élèves, les adolescents et adolescentes peuvent le lire
seul ou bien le livre eut servir de support à discussion. La clarté du texte,
les variations d’exposition des problématiques et questions, l’efficacité sobre
des illustrations, tout concourt à voir figurer le livre dans les rayons des
centres de documentation et d’information et les bibliothèques pour la
jeunesse.
Commission
lisezjeunesse