Anachroniques

26/11/2023

Le livre, témoin et document

L DAHL Roald, Mes 101 premiers mots, illustré par Quentin Blake, Gallimard jeunesse, 2023, 16 p. 13€90

L’univers loufoque de Roald Dahl sert de prétexte à un imagier illustré en grande complicité par Quentin Blake. L’album est cartonné, avec des bouts arrondis qui permettent au petit enfant de consulter l’ouvrage à sa guise, même si, bien sûr, c’est le genre d’ouvrage qu’on lit à l’enfant. Les rabats qui masquent une partie des informations ajoutent un aspect ludique à l’album qui est d’une grande richesse lexicale puisque 101 mots sont ainsi répertoriés et illustrés. Les sujets traités sont : la maison, l’appétit, le jardin, les animaux, la ferme, les mots du portrait et du comportement physique.

De plus, cet album, dès que l’enfant atteindra l’âge de la lecture, peut jouer le rôle d’une propédeutique à l’œuvre de Roald Dahl.

 

EDU Stéphanie, Champollion et le mystère des hiéroglyphes, illustrations de Sylvain CABOT, Milan, 2023, 40 p. 9€20

Le documentaire vaut pour la vie du découvreur qu’il permet de suivre. Il montre comment naît une passion pour l’égyptologie, et par ce biais, parcourt l’histoire de l’Égypte ancienne, sa religion, ses arts, sa science. Et puis, bien sûr, grâce à des illustrations explicites, l’ouvrage fait entrer dans le secret des hiéroglyphes, dans le processus menant à leur déchiffrement. Trois intérêts se conjuguent pour proposer cet ouvrage : le biographique, l’historique, le scientifique (la science de l’écriture). 

 

SORTIR DU COLONIALISME GIRONDE, Guide du Bordeaux colonial, Paris, Syllepse, 2020, 251 p. 10€

Ce livre est une mine pour les élèves et enseignants et enseignantes de la ville de Bordeaux et de la métropole. Il répertorie les rues, les places, les lieux publics ayant trait au passé colonial de la ville, et pour chacun précise le rôle joué par la personnalité ou replace l’événement. C’est que Bordeaux a joué un rôle « essentiel dans la constitution de l’Empire français ». Or, le nom des rues reflète des choix politiques et économiques, et se trouve ainsi au cœur des tensions sociales. Le nom des rues révèle la dissymétrie de traitement entre les acteurs du colonialisme et les anticolonialistes, ces derniers surtout présents à travers des lieux de mémoire.

En pointant comment la lexicographie des noms propres véhicule un imaginaire colonial, le livre ouvre la réflexion à l’enjeu d’une décolonisation des imaginaires.

Un index des noms propres de personnes, un index des noms de lieux, un index des noms des rues des villes de la métropole et une « bibliographie très sélective » closent l’ouvrage, en faisant un vrai guide pratique, un véritable ouvrage de référence.

 

LAURANS Camille, L’Inceste, illustrations de Vinciane SCHEEF, Milan, 2023, 32 p. 7€90

Un enfant sur dix est victime d’abus sexuel au sein de la famille. Nul doute que le sujet est brûlant d’actualité, central aussi pour la condition des enfants. « Quelles sont les limites à ne pas dépasser entre adulte et enfant ? À qui parler si on est victime d’inceste ? Comment des adultes doivent protéger les enfants ? » sont des questions auxquelles le livre apporte des réponses, accomplissant à travers l’histoire de Plume, une petite fille, la définition de l’’inceste.

Un tel livre n’est évidemment pas accessible à 4 ans, sauf dans le cadre de lectures partagées avec l’enfant ou des enfants dans le cadre de structures éducatives, médico-pédagogiques, psychiatriques ou autres. Le livre, en revanche pourrait être lu avec bénéfice par des enfants lectrices ou lecteurs aux âges de l’école primaire, mais aussi au collège. Sa présence dans les bibliothèques scolaires et Centres de Documentation et d’Information est donc fort recommandé, comme elle l’est dans les médiathèques municipales.

C’est un livre d’accompagnement et c’est un livre de prévention, écrit avec limpidité et illustré de manière réaliste neutre.

 

PAULIC Manon, C’est quoi les addictions ?, illustrations de Jacques AZAM et Camille PICHON, Milan, 2023, 64 p. 6€50

Après une introduction sur les types d’addiction, le livre déroule quatre chapitres : L’addiction, une maladie complexe, Les substances addictives, Les addictions comportementales, Les manières d’en sortir. Selon le principe de la collection « C’est quoi ? », bande dessinée et textes explicatifs ou informations illustrées alternent. Le texte est bien adapté à son lectorat, du cours moyen à la quatrième. Les auteurs s’emparent de lieux communs pour les explorer, soit pour les déconstruire soit pour les expliciter ; Les questions posées sont celles que l’on peut entendre de la bouche de préadolescents et préadolescentes. Alliant habilement informations scientifiques (y compris les sciences psychologiques et humaines) et discours sociétal, le livre remplit parfaitement la fonction d’un ouvrage documentaire. De plus, les sous-chapitres peuvent se lire assez vite, ce qui offre la possibilité au lectorat moins assidu de se plonger dans le livre et d’y revenir. Un glossaire clôt l’ouvrage, glossaire utile et dont la définition des mots sélectionnés est claire.

Philippe Geneste

19/11/2023

« une égratignure »

Ont-elles des épines, est-ce qu’elles égratignent, les fleurs qui dit-on poussent sous le corps d’un condamné à mort lors de son exécution ? Ce sont ces fleurs que Mumia Abu-Jamal, militant pour les Droits civiques, défenseur de la population africaine-américaine, journaliste, écrivain, porte-parole courageux de ceux que l’on nomme « les sans-voix » et condamné à mort par une justice inique et raciste mit en lumière dans son roman La Mort en Fleurs (1). Mumia Abu-Jamal est incarcéré depuis 1982 dans Les Couloirs de la mort en Pennsylvanie pour un crime, l’enquête balistique le prouvant, qu’il n’a pas commis, pour un crime qu’une témoin à charge a, elle-même, réfuté, un crime enfin dont un autre homme s’est accusé. Si la condamnation à mort a été commuée au bout de 20 ans, il reste que Mumia Abu-Jamal, innocent, est toujours emprisonné. En 2021, c’est enchaîné aux poignets et aux chevilles qu’il fut soigné du Covid 19, d’une déficience cardiaque et d’un œdème pulmonaire. Pour son médecin, seule la libération de Mumia pourra le sauver et le guérir de ces cicatrices à vif, qui bien plus que des égratignures, s’écoulent en plaies, en blessures purulentes.

De tels faits pourraient introduire le roman très sensible d’Yves-Marie Clément, Coupable ?, qui dénonce avec virulence le racisme et ses crimes, tout autant qu’il décrit le procès d’une toute jeune femme Élona, la narratrice, accusée soit de complicité, soit de non-assistance à personne en danger…

CLEMENT Yves-Marie, Coupable ?, édition le muscadier, collection Rester Vivant, 2023, 79 pages, 11€50.

Élona, la narratrice, a fêté ses dix-huit ans il y. a presque un an de cela. C’était au tout début de l’été 2018, et à cette occasion, ses trois copains, Gwendal, Jules et Kiev décidèrent, selon les mots prononcés par Gwendal, à son procès : « pour l’anniversaire d’Élona, on avait décidé de lui offrir un arabe ». En effet, en guise d’offrande pour elle, ils tendirent un piège à Medhi, un jeune homme d’origine maghrébine. Au fin fond de la campagne dans une ferme abandonnée, ils l’humilièrent, le martyrisèrent, le rouèrent de coups de pieds et de poings. Puis, comme Medhi refusait d’obtempérer à une immonde injonction, Gwendal l’assassina. Lors de leur procès quelques mois avant celui d’Élona, Jules et Kiev écopèrent de 10 ans d’emprisonnement pour coups et blessures, Gwendal de 20 ans pour son crime. Cependant, à revers de leur bêtise et de leur bestialité, les trois malfrats disculpèrent Élona. Ils mirent en lumière que, même si elle était présente à l’événement, elle ne prit part au crime en aucune façon, qu’au contraire elle tenta de l’empêcher jusqu’à ce qu’effondrée devant l’horreur les larmes ne la figent.

Au tout près d’Élona, l’écriture très sensible du roman éveille notre empathie et nous ressentons les émotions qui la submergent lors de son procès : sa révolte, son angoisse, sa honte et surtout sa peine. Et c’est avec une grande délicatesse qu’elle demande pardon à la mère de Medhi lorsqu’elle passe près d’elle en allant à la barre. Toute seule face à ces regards qui la percent, la scrutent, la jugent, Élona fait face aux témoignages, qui déshabillent depuis ses 11 ans son enfance d’exclue, et que développe une psychologue. Son père les ayant quittées, la petite Élona a vécu seule avec sa maman, femme de ménage désargentée et dépressive depuis la rupture. Durant les années de collège, Élona noua de mauvaises fréquentations, connut la drogue et les conduites à risque. Seule Sabrina, sa tante, apporte un souffle de joie de vivre dans cet univers glauque. Sabrina qui est venue témoigner pour elle, dire qu’Élona n’est ni raciste ni cruelle, que c’est « une personne bonne, comme vous et moi », qu’elle a été manipulée par des propagandistes d’Identité Blanche, une organisation de racistes extrémistes et dont elle lui avait demandé de s’éloigner.

Élona est-elle coupable ? Le point d’interrogation du titre permet des réflexions nourries, des discussions riches. Si la commission Lisez jeunesse se permettait un avis, ce serait de dire que ce procès n’a qu’un bénéfice : celui du regard tendre sur Élona de son « amoureux de Lyon », Rachid, son « peintre industriel » rencontré depuis peu et qui comprend enfin ce qu’elle n’a pu lui dire… mais que toujours elle va ressentir ces éraflures, ces « égratignures » (selon le mot de son avocat) en elle à jamais à vif.

Annie Mas

(1) Abu-Jamal, Mumia, La Mort en fleurs. Réflexions d’un prisonnier de conscience, traduction de S.C., P.C., N.D., M.G., R.P., J.W., avant-propos par Cornel West, préface de Julia Wright, Paris, Le Temps des cerises, 1998, 159 p.

12/11/2023

Au cœur du réalisme fantastique du blues

 Angux, Avery’s blues, dessin Tamarit Núria, traduit de l’espagnol Amaia Garmendia, Nouvelle édition, Steinkis, 2023, 88 p. 18€

Cette bande dessinée s’inspire du mythe de Robert Johnson (1909-1938) pour raconter l’histoire de deux jeunes bluesmen en quête de la meilleure musicalité instrumentale en guitare. Les dessins offrent des silhouettes vagues, tendant à l’informe, au milieu de décors et paysages en ocre, marron, couleur terre brûlée, soleil brûlant, nuits et crépuscules d’ombres et d’obscurité envahissantes. Robert Johnson fut longtemps le bluesman sans visage, aux noms multiples d’une « ascendance obscure » (1), au jeu singulier et torturé, aux chants tourmentés, mort de manière mystérieuse, et dont les idolâtres sont convaincus qu’il signa un pacte avec le diable, ce dont attesterait sa chanson Crossroads (« je suis allé au carrefour, je suis tombé à genoux et j’ai imploré Dieu d’avoir pitié et de sauver ce pauvre Bob ») ou Hellhound on my trail (ces chiens de garde de l’enfer qui le poursuivent).

La bande dessinée revisite le mythe d’assez près. Steven Johnson, son petit-fils, rapporte ainsi qu’en « 1930 Robert a quitté le Delta pour revenir à Hazlehurst, sa ville natale. Alors qu’il cherchait son père, il a rencontré un bluesman, Ike Zinnemon, et il a commencé à le suivre partout où il allait (…) Ike a fini par le considérer comme son frère. Tous deux ont joué dans plusieurs juke joints et ont même un peu tourné dans les environs, le tout pendant quelque deux ans .À son retour dans le Delta, Robert jouait magnifiquement bien de la guitare alors qu’il n’était a priori pas doué, et les autres artistes lui demandaient comment il avait fait, s’il n’avait pas vendu son âme au diable » (2). C’est quasi le scénario du récit d’Angux et Tamarit. Il faut ajouter à cette proximité biographique, le périple de 1920 où Robert Leroy Dodds Spencer (sa mère ayant pris un nouveau mari) « retourne vivre dans le Delta autour de Robinsonville, sur la plantation Abbay & Leatherman, il sait déjà jouer de la guitare » (3), ce qui est à peu près le trajet des deux bluesmen de la BD. Les époques sont juste mises en collusion pour parfaire l’univers fantastique que le dessin installe avec rudesse.

L’intelligence du scénario est d’amener le trouble, chez le lecteur, sur le héros du récit : est-ce Avery, que l’on suit depuis le début et qui a fait un pacte avec le diable, dans le dessein de mieux jouer ? Est-ce Johnny, le pauvre gosse du voisinage maltraité par ses parents ? En fait la fin seule nous fait comprendre que c’est plutôt Johnny. Avery est son initiateur ou plutôt son initiatrice à la musique, car en fait, sous une dégaine de garçon, Avery est une fille qui a fui la condition d’exploitée des femmes noires. Dans cette atmosphère étrange où domine l’ambiguïté, on voit le diable jouer avec les deux personnages pour les corrompre. Avery mourra au carrefour, Johnny triomphera dans les fêtes, les bars et les juke joints. Sous le regard satisfait du Malin, Johnny poursuit sa route jusqu’au jour où il paiera son dû au Démon. En effet, « vers le croisement des routes du Delta » et « appelé par une force “diabolique” » (4), il rencontrera le mythe.

Cette thématique est issue, dit Gérard Herzhaft, d’une superstition d’origine irlandaise. Cette superstition « courante dans le sud des Etats-Unis » conte que « le diable se tapissait au croisement des chemins achetant l’âme des fiddlers en leur donnant un talent “diabolique” » (5).

Philippe Geneste

(1) Gérard Herzhaft, « Robert Johnson superstar de l’outre-tombe », Soul Bag n°2013, juillet-août-septembre 2011, pp.18/23 / p.18 – (2) propos recueillis par Daniel Léon , « Johnson on my trail », Soul Bag n°2013, juillet-août-septembre 2011, pp.28/30 / p.30 – (3) Gérard Herzhaft, « Robert Johnson superstar de l’outre-tombe », Soul Bag n°2013, juillet-août-septembre 2011, pp.18/23 / p.20 – (4) Gérard Herzhaft, « Robert Johnson superstar de l’outre-tombe », Soul Bag n°2013, juillet-août-septembre 2011, pp.18/23 / p.20 – (5) Gérard Herzhaft, « Robert Johnson superstar de l’outre-tombe », Soul Bag n°2013, juillet-août-septembre 2011, pp.18/23 / p.21

 

05/11/2023

Documentaliste: les risques du métier

LEON Christophe, Tag, éditions Le Muscadier, collection Rester vivant, 2023, 207 p. 14€50

Résumé :

Ce roman est polyphonique, c’est-à-dire raconté selon le point de vue des deux personnages principaux. D’une part c’est Malo, élève de cinquième, qui raconte l’histoire, d’autre part c’est Madame Sollers, la professeure documentaliste du collège, qui continue le récit. Les points de vue sont alternés.

Tout commence lorsque Malo essaie d’expliquer à ses parents le contenu de son cours d’EMI (Éducation aux Médias et à l’Information). L’enseignante a montré comment les médias et les réseaux sociaux traitaient la question du féminisme. Mais les parents de Malo donnent chacun leur point de vue sur la question et finissent par se disputer. Malo s’en veut de la tournure prise par la discussion et décide d’en parler à son enseignante, le lendemain. Madame Sollers décide alors de faire un second cours sur ce sujet, pensant que d’autres élèves n’ont peut-être pas compris.

Peu de temps après, plusieurs mères d’élèves dénoncent ce cours à la direction. L’élève à l’origine de ces plaintes serait la jeune Louna Fleury, camarade de classe de Malo. Un jour, le Principal du collège et la CPE passent dans la classe de Malo avec une bombe de peinture trouvée cachée dans le collège. Ils expliquent aux élèves que quelqu’un a réalisé un tag sur la porte du CDI ! Il s’agit d’une menace : « À mort Sollers ».

Le Principal du collège accompagne la professeure documentaliste pour porter plainte, lui pour dégradation de matériel et elle pour menace de mort. Si certains de ses collègues la soutiennent moralement, d’autres estiment qu’il y a certains sujets dont il ne faut pas parler en classe. Désemparée, la professeure documentaliste ne sait pas trop comment réagir tandis que Malo, de son côté, décide d’enquêter pour savoir qui a écrit le tag…

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce roman, qui se lit assez facilement. L’auteur fait preuve de beaucoup d’humour pour traiter d’un sujet assez grave : comment salir la réputation d’un enseignant, comment certains sujets sont délicats et peuvent mettre les enseignants en difficultés, voire en danger… Actuellement, on en trouve des exemples poignants, notamment en ce qui concerne la laïcité depuis l’assassinat de Samuel Paty en 2020.

Madame Sollers se retrouve un peu seule face à ces évènements. J’ai trouvé qu’elle avait peu de soutien de la part de ses collègues : « La salle des profs était partagée ». Certains collègues pensent qu’elle a raison et « qu’il fallait assumer jusqu’au bout. D’autres collègues alléguaient qu’un enseignant n’était pas un flic, qu’il n’avait pas à faire de répression, et que j’étais responsable de ce qui m’arrivait… Bref, personne ne restait indifférent et les opinions divergeaient radicalement d’un extrême à l’autre » (pp.132-133).. L’enseignante culpabilise alors qu’elle est la victime, s’inquiétant de l’effet de la venue des policiers.

Elle se sent seule, même l’intervention d’un syndicat l’isole car personne ne la contacte : « “Ta porte taguée… On est en période d’élection syndicale et tout est bon pour faire le buzz. Elle dégaine son portable et me montre la page Facebook en question. Sous la photo de la porte, une légende s’en prend aux conditions de travail des professeurs et aux négligences de l’administration quand il s’agit de soutenir un enseignant insulté ou menacé. Un rapport lointain entre image et texte, donc, mais vendeur syndicalement » (p.108).

J’ai beaucoup aimé certains passages humoristiques. Par exemple, la dispute entre les parents de Malo au début de l’histoire est amenée de façon plutôt drôle. Ils forment une famille touchante qui parle de tout.

J’ai aussi aimé la parenthèse avec le serveur, un peu dragueur à la fin, alors que Madame Sollers vit un moment compliqué, entourée par le Principal, qui lui met la pression, et le lieutenant de police, qui, au contraire, ne prend pas l’affaire très au sérieux. Cela amène un peu de légèreté à l’histoire.

Enfin, étant moi-même professeure documentaliste, je trouve que l’auteur a très bien cerné notre métier, notre place dans un établissement scolaire. J’ai apprécié le fait qu’il se soit aussi bien renseigné sur les CDI, les cours d’EMI…

Ma citation préférée (pages 175-176) :

« Ai-je choisi ce métier pour me retrouver dans de telles situations qui excèdent mes compétences ? Documentaliste… La dame du CDI… Celle qui recouvre les livres et donne, quand on le lui permet, des cours d’EMI, monte des projets et assiste ses collègues. Ingrat et passionnant. Toujours en quête d’une reconnaissance, que l’on trouve le plus souvent chez les élèves, dans leurs mots, dans leurs yeux. Le CDI, à l’évidence le seul espace de liberté dans un établissement scolaire, un lieu à part où les élèves peuvent s’informer, lire ou même glander sans subir la pression d’un système éducatif réducteur. Parfois, j’ai envie de tout plaquer, de changer de métier, d’aller prendre l’air ailleurs. Je me demande à quoi je peux bien servir dans ce modèle d’enseignement qui privilégie la compétition, la note, le résultat, à l’éducation elle-même, à l’expérimentation, à la pédagogie ou tout simplement au bonheur d’apprendre ».

Milena Geneste-Mas